Questions à Claude Allègre, Ancien ministre de l’Education nationale

Publié le par titof

Vous avez été l’un des critiques les plus durs de la candidate Ségolène Royal. Quel jugement portez-vous sur l’opposante ?

Ségolène Royal a un comportement plus intelligent que la plupart des leaders socialistes. Son positionnement face à Nicolas Sarkozy, ainsi que celui de Pierre Moscovici, est le bon. François Hollande aboie à tout va sur n’importe quel sujet, il est inaudible. Laurent Fabius s’agite au lieu de se taire. Ça ne sert à rien. Je me réfère à l’expérience de Lionel Jospin après sa défaite à la présidentielle de 1995. Pendant huit mois il n’a pas critiqué Chirac. «On a perdu, on a perdu», disait-il. Et petit à petit, il est monté dans la critique. Je trouve Ségolène très bien, responsable. Notamment dans l’interview qu’elle a donnée à Libération (22 octobre 2007). Elle donne l’impression qu’elle a eu une réflexion sur son échec. Venant de moi, ce compliment n’est pas suspect de complaisance ! Dans mon livre (1), je montre ses insuffisances et ses qualités. Et moi, contrairement à mon ami Jospin, je ne pense pas que Ségolène soit éliminée du jeu.

Alors, quel avenir pour Bertrand Delanoë ?

L’avenir va se jouer entre Royal et Delanoë. Avec au milieu du jeu Fabius, qui a son ambition intacte. Hollande est carbonisé, il n’a même pas réussi à être président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale ! Quant à Dominique Strauss-Khan, la présidence du FMI lui va très bien : il n’a aucune intention de revenir sur la scène politique française et il est plus important là où il est.

Pourriez-vous revenir sur votre décision de rendre votre carte du PS au 1er janvier ?

Tout ce qui se passe dans ce parti ne me redonne pas d’espoir. Je n’ai plus rien à voir avec ces gens ! Je bénéficie d’une liberté de parole totale. Je voulais quitter le PS après la désignation de Ségolène Royal comme candidate à la présidentielle, mais Lionel Jospin m’a fait une danse du ventre sur le thème : «Tu ne peux pas me faire ça, tout le monde va croire que c’est ma position !»

Que pensez-vous des cafouillages du PS à propos du nouveau traité européen ?

Le PS qui ne vote pas pour l’Europe, ce n’est plus le PS. Compte tenu du caractère symbolique de ce traité, ils vont voter oui. Vincent Peillon l’a d’ailleurs compris.

Vous restez quand même pessimiste sur l’avenir de ce parti…

Le PS va continuer à se déchirer entre ses clans. Il ne peut, en l’état, se refonder. Hollande a beau dire sans arrêt : mettons-nous autour d’une table et discutons, cela ne marche pas. Tant qu’il n’y aura pas un leader portant un projet rénovant, rien ne se fera. Sans leader, il n’y a pas de mouvement. Que ce soit Lénine, Mitterrand, de Gaulle, Sarkozy ou Blair, il faut un leader. C’est pour ça que j’en veux à Lionel Jospin. S’il avait fait ce qu’il fallait et avait été candidat à la présidentielle en 2007, il n’aurait peut-être pas gagné, mais le PS serait en ordre de marche. Au soir du 21 avril 2002, Jospin aurait pu dire : je suis battu et je laisse la direction du PS, au lieu de dire «je me retire de la vie politique». Il a fait preuve d’une certaine noblesse, mais politiquement c’était très discutable. S’il n’avait pas fait des ronds de jambe, il aurait pu ensuite revenir.

Où en êtes-vous avec Nicolas Sarkozy ? Toujours sur les starting-blocks pour entrer au gouvernement ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je ne fais pas de politique-fiction.

(1) La Défaite en chantant, entretien avec Dominique de Montvalon. Plon.

Quelques moments de lucidité, ne me feront pas oublier les coups de poignards dans le dos, dont il a le secret… malheureusement ce n’est pas le seul.  L’histoire jugera sûrement un jour, tous les manquements désastreux de nos gouvernants, mais il ne faudra pas oublier les judas, qui portent aussi la responsabilité de la déchéance actuelle de la France.

A bon entendeur…

Publié dans Discours et interviews

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