VII - Oser enfin la démocratie « jusqu'au bout » 2/2

Publié le par titof

La démocratie au secours de l’Europe

D’un référendum à l’autre, le rejet qui s’est exprimé à chaque fois, sauf en Espagne, ne peut être imputé aux seules particularités nationales. C’est l’échec d’une méthode. La génération fondatrice de l’Europe sût, dans un autre contexte, faire partager sa vision. Celle qui a pris le relais n’a pas mesuré à temps le divorce entre les citoyens et certaines élites.

L’Europe traverse une épreuve de vérité. Il faut en faire une chance. Cessons de nous focaliser sur les débats institutionnels qui, si importants soient-ils, ne parlent à l’évidence ni à la tête ni au cœur. Cessons d’en appeler à l’Europe des citoyens sans lui donner de contenu concret et en nous défiant de plus en plus du suffrage populaire.

L’Europe a besoin de s’incarner. Cela veut dire, par exemple, des référendums simultanés qui permettraient de vivre une expérience partagée et une campagne commune dont les leaders iraient, d’un pays à l’autre, parler ensemble à la télévision et exprimer au nom de leur parti (PSE, PPE, etc.) une unité de vue déclinée dans toutes les langues nationales.

Cela veut dire, lors des élections européennes, non pas une campagne chacun chez soi mais une mobilisation conjointe et – pourquoi pas ? – des listes communes donnant à voir, là aussi dans les grands medias de chaque pays, les mots, les styles, les tons, les visages qui font la diversité vivante de l’aventure européenne. Ce n’est pas anecdotique car la politique doit, pour faire chair et sens, toucher aussi les sensibilités.

Regagner la confiance perdue, c’est reconnaître aux citoyens le droit d’infléchir, pas seulement par la négative, le projet européen et donner à l’Europe un pouvoir de protection concrète qui se manifeste dans la vie de chacun sans s’apparenter à des réglementations excessivement tatillonnes.

Nous proposons de :

- Créer un débat sur l’avenir de l’Europe par la voie d’un véritable referendum européen, s’adressant directement aux peuples des 27 États-membres.

- Changer le mode de scrutin des élections européennes, avec des circonscriptions européennes et un vote pour les partis européens (PSE/PPE…).

Sur le fond :

- Repenser profondément notre conception de l’Europe sociale. L’Europe sociale, c’est d’abord une Europe qui n’empêche pas les États de décider du niveau de solidarité qu’ils souhaitent. Une directive est donc plus que jamais nécessaire pour éviter que les règles de concurrence ne s’appliquent aux services publics.

- Faire de l’harmonisation fiscale le prochain grand chantier de l’Union. Cela permettra d’éviter le dumping et la compétition liée à une fiscalité du travail et du capital trop divergente dans les États-membres.

- Relancer l’Europe des grands projets, pour surmonter les défis du futur et affronter les crises du présent. L’Europe doit prouver à tous qu’elle peut changer positivement la vie de ses citoyens. Nous devons créer les infrastructures transeuropéennes dont nous avons tant besoin, en matière de numérique, d’énergie ou de recherche.

- Créer une nouvelle forme de coopération renforcée. Il nous faut franchir un vrai pas dans la direction d’un gouvernement économique européen. Cette étape se ferait avec tous ceux qui le souhaitent. C’est cela la nouvelle frontière de l’Union européenne : une coopération renforcée fondée non sur quelques actions ponctuelles ou une coalition aléatoire, mais sur un authentique projet politique.
Pour un ordre mondial juste : des institutions internationales a la hauteur de leurs missions

La chute du mur de Berlin et la faillite manifeste de « l’autre système » n’ont pas annoncé la fin de l’histoire, mais le commencement d’une autre. Les risques ne sont plus les mêmes mais ils ne sont pas moins menaçants, peut-être même plus que du temps où deux camps de faisaient face.

Aucune nouvelle architecture de sécurité ne s’est encore mise en place pour l’ère de la mondialisation. De nouvelles puissances revendiquent à juste titre une part accrue aux décisions. Plus jamais le monopole de l’Occident ne sera ce qu’il a été et, chez les peuples des puissances du Nord, le deuil de cette illusion hégémonique ne va pas sans inquiétudes sur leur place dans le monde de demain.
L’intégration dans l’OTAN telle qu’elle est, héritage du temps révolu de la guerre froide, n’est qu’une abdication à contre-temps de cette indépendance que notre pays avait su ménager tout en assumant ses alliances
. Notre politique étrangère de sécurité et de développement doit redéfinir ses liens avec les pays d’Asie, d’Amérique latine, d’Afrique et bâtir avec eux de nouveaux partenariats procédant de l’intérêt bien compris de chacun dans le monde d’aujourd’hui.

La morale politique mais plus encore le réalisme et l’efficacité disqualifient la politique à courte vue qui est actuellement celle du gouvernement français, servile aux despotes en sursis qui, dans nombre de pays, alimentent par leurs dénis de justice et leur prédation des richesses nationales les courants, en particulier ceux de l’islam politique, qu’ils prétendent combattre au nom de la lutte contre le terrorisme, mettant au passage toutes les oppositions, légalistes ou pas, dans le même sac.

Il faut à la France plus de clairvoyance et la conviction qu’il n’y aura, pour elle, pas de sécurité durable sans instauration d’un ordre mondial juste et sans identification de notre pays à l’engagement dans ce combat.

Nous proposons de :

- Introduire à l’Organisation mondiale du commerce une hiérarchie des normes qui équilibre les mesures de nature commerciale par le respect des normes sociales et environnementales.

- Réformer profondément le Fonds monétaire international et la Banque mondiale pour en faire des instruments au service du développement humain. Etudier notamment la faisabilité d’un mécanisme de stabilisation des prix agricole géré par la Banque mondiale pour les pays les moins avancés (PAC mondiale), avec un prix de vente garanti.

- Réformer la composition du Conseil de sécurité des Nations unies et la rendre plus juste.

- Mettre en place avec l’Union européenne de nouveaux financements innovants du développement. Le financement des biens publics mondiaux (santé, environnement notamment) exige des financements considérables. Ces ressources ne peuvent venir que de financements globaux.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article