Journée spéciale Motion : "L'espoir à gauche, fièr(e)s d'être socialistes" 3/6

Publié le par titof

3. L’urgence écologique 

En quelques décennies, les impacts sanitaires, sociaux et économiques liés aux activités humaines sur notre environnement se sont accélérés. Nos modes de production, de consommation et de vie bouleversent chaque jour un peu plus les équilibres écologiques. Crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire : nous sommes entrés dans une nouvelle ère que le sociologue André Micoud appelle le « moment écologique ».

Nous ne devons céder ni à l’alarmisme ni à la résignation, mais faire de l’écologie un axe essentiel du projet de société des socialistes. Aujourd’hui, la croissance ne prend pas en compte les dégâts du capitalisme sur l’environnement et sur le patrimoine écologique que nous transmettrons à nos enfants. Plus nous consommons d’énergie fossile et plus le PIB augmente ! Il est donc indispensable de calculer autrement la richesse pour mieux évaluer les dommages ou les bénéfices de la production et pour agir juste.

 Nous proposons que la France mette en œuvre une politique énergétique nouvelle fondée principalement sur deux chantiers : le développement massif des énergies renouvelables, déconcentrées et décentralisées, et la recherche de l’efficacité énergétique.

 

3.1. Préparer dès maintenant l’après pétrole

Les estimations montrent qu’il nous reste en réserve en moyenne 50 ans de pétrole et de gaz naturel, et 150 ans de charbon. Comme ces énergies fossiles représentent 86 % des énergies primaires aujourd’hui, il nous faut, sans attendre, nous préparer à l’après-pétrole, tant dans la perspective de l’épuisement des réserves qu’en raison des effets climatiques dévastateurs qu’entraîne la consommation des hydrocarbures.

La droite est totalement inerte face au choc majeur de la hausse du coût de l’énergie, qui frappe durement les porte-monnaies.

À qui profite la hausse des prix du pétrole ? Pas seulement aux pays producteurs si l’on en croit les résultats des entreprises du secteur de l’énergie… Total prélève ainsi une partie de la rente pétrolière : 12,5 milliards d’euros de profit réalisés en 2007 sur le dos des consommateurs.

Cette rente est actuellement versée à des actionnaires privés. Il est temps de les redistribuer à l’ensemble des Français, en prélevant sur les super profits de ces groupes. Ces recettes seront placées dans un fonds « après pétrole » destiné à préparer l’avenir.

 

Nous proposons de :

 ·      Taxer les profits de Total pour créer et financer le fonds « après pétrole ».

·      Donner au fonds deux objectifs : subventionner les installations en énergie renouvelable et financer les transports alternatifs propres.

·      Plus largement, engager une diversification des sources d’énergie destinées à la production d’électricité. Les axes de cette nouvelle politique feront l'objet d'une convention thématique dès 2009.

Ce changement de politique ne doit pas conduire à méconnaître le rôle de l’électricité d’origine nucléaire qui, si elle n’est pas renouvelable, permet de limiter les émissions de CO2, avec un coût limité pour les ménages. Pour autant, une diversification vigoureuse des sources d’énergie destinées à la production d’électricité devra être mise en œuvre.

 

Par ailleurs, le secteur devra être mieux contrôlé, pour faire face à la multiplication des incidents observés récemment. Le principe de transparence et de contrôle citoyen devra être traduit en actes.

  

3.2. Réduire notre consommation d’énergie

 Nous allons devoir allier, dans le futur, sobriété, efficacité et substitution énergétique. En 2020, l'Europe devra avoir diminué de 20% ses émissions de CO2, avoir 20% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique et avoir réduit de 20% ses consommations d’énergie. La France en 2050 devra avoir divisé par quatre ses émissions de gaz à effet de serre.

 Car, faute de nouvelles mesures pour limiter ces émissions, la température moyenne de la planète s'élèvera de 2 à 4° C supplémentaires au cours de ce siècle, après avoir augmenté de plus de 0,7° C au cours du siècle passé. Et nous pouvons craindre des catastrophes naturelles à répétition (canicules, tsunami, cyclones…) entraînant des drames humains et un coût économique certain : en 2006, le rapport Stern a estimé le coût lié au seul réchauffement climatique à 5.500 milliards d’euros.

 Nous proposons de développer les éco - technologies. L’écologie n’est pas une contrainte négative ralentissant la croissance et poussant à consommer moins. L’enjeu écologique devient aussi aujourd’hui un enjeu économique majeur, il représente un levier de croissance que nous devons saisir. Anticiper la production d’énergies nouvelles, faire muter l’industrie vers les cleantechs, investir en R&D, sont autant d’opportunités d’innovations et d’emplois. Le politique ne doit pas être à la traîne, mais impulser et accompagner ce mouvement.

 

Nous devons agir sur deux principaux secteurs :

  • Le secteur des nouvelles énergies et des nouveaux matériaux : ce marché devrait quadrupler d’ici à 10 ans (technologies à faibles émissions de CO2, biocarburants, photovoltaïque, nouveaux matériaux, recyclage) ;

 Les secteurs utilisateurs d’énergie : les transports et le bâtiment, notamment dans le domaine de la rénovation thermique. Le Grenelle de l’environnement a estimé à 180 000 le nombre d’emplois qu’il serait nécessaire de créer au cours des 12 prochaines années. Concernant l’habitat, il est impératif de lancer un grand projet d’isolation de l’habitat ancien. Ces investissements lourds, estimés à 13 milliards d’euros par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, auront l’avantage d’être rentables à moyen terme et de constituer un marché pour les artisans du bâtiment.

Nous pensons que la fiscalité écologique doit être l’instrument privilégié pour l’évolution des comportements vers un plus grand souci de l’environnement. De ce point de vue, nous devons prendre position en faveur de la mise en place d’une taxe sur le CO2 importé aux frontières des pays signataires de l’accord de Kyoto.

Enfin et surtout, il faut se donner comme grande perspective une économie mondiale fondée sur une croissance verte, seule à même d’équiper la planète pour lutter contre le réchauffement et assurer un développement durable. La croissance verte permettra de mobiliser l’argent à des fins productives, dans un grand partenariat public-privé mondial, véritable remède de surcroît contre la spéculation financière à court termes.

La croissance verte sera notre nouvelle donne écologique et économique mondiale.

 

 3.3 Modifier notre rapport à l'espace

 Il est fondamental de développer de nouveaux modèles de développement de nos territoires. Nous devons densifier les villes en luttant contre l’étalement urbain pour rationaliser nos déplacements et permettre aux populations d’avoir accès aux services essentiels sans devoir utiliser de véhicules motorisés.

Les zones d'urbanisation doivent être développées autour des grands axes de transports en commun, afin d'éviter de laisser proliférer de manière anarchique des banlieues pavillonnaires.

 Il nous faut aussi limiter la place de la voiture en offrant des alternatives variées pour les déplacements. Une meilleure conception des villes constituera un élément de réponse non négligeable au réchauffement climatique.

La meilleure gestion de l’espace concerne également les territoires ruraux. Il nous faut préserver les espaces naturels, en repensant totalement nos politiques d'aménagement du territoire et en révisant nos modèles de développement rural.

 

Nous proposons donc de :

·      Réaliser un autre aménagement de l'espace et éviter l'étalement urbain. Une grande loi « urbanisme et paysage » renforcera la loi SRU en s'appuyant sur les pratiques innovantes des collectivités locales. Elle sera adaptée aux enjeux d'une nouvelle ruralité, d'un nouveau développement territorial, en rapprochant habitants et espaces ruraux et urbains.

·      Organiser d'autres modes de distribution : diminuer les transports, favoriser les circuits courts producteurs-consommateurs.

·      Favoriser le développement d'une agriculture respectueuse de l'environnement, outil d'aménagement du territoire, qui permette à chaque agriculteur de vivre de son travail.

 

A suivre…. 4. Aller vers une société apaisée et favoriser l’émancipation     

Publié dans Ségolène Royal

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