« Gérard Collomb a le profil du 3ème homme »

Publié le par Sarkomance

POLITIQUE – Jacky Darne, élu dès le 1er tour, à la tête de la fédération du Rhône sous les couleurs Royal, estime que le PS peut mourir s’il ne trouve pas rapidement un compromis pour que les courants opposés puissent gouverner ensemble le parti. Ce proche de Gérard Collomb, ancien député et vice-président du Grand Lyon, pense qu’un troisième homme pourrait être une issue au duel Aubry-Royal. Et dans le rôle, il verrait bien… le maire de Lyon. Interview.

Comment réagissez-vous aux résultats des élections internes au PS ?

C’est une situation bien difficile que d’être aussi peu départagé par les votes. Avant les résultats, ceux qui soutenaient Ségolène Royal ne pensaient pas qu’elle ferait aussi bien. Car, avec l’appel de Benoît Hamon à voter Aubry, l’arithmétique n’était pas bonne pour Ségolène Royal. Les résultats démontrent bien qu’elle a une force d’attraction particulièrement importante. Il faut en tenir compte.

Pensez-vous qu’il faille revoter comme le demande Ségolène Royal, ou recompter ?

Si les incertitudes persistent, oui, il faut recompter. Dans des élections internes, les conditions de vote sont moins rigoureuses que dans d’autres élections. Par exemple, les nuls ne sont pas comptés de la même façon partout. De mon expérience locale, je sais qu’il peut y avoir des anomalies. Lorsque ces incertitudes seront vérifiées, il faudra surtout avoir l’intelligence de trouver des solutions de gestion. Quand on est à 50,02%, c’est à dire quasiment 50-50, on ne peut pas gouverner seul sans faire de compromis.

Que faut-il faire ?

Il y a deux solutions. La première est de se répartir suffisamment les responsabilités, s'ouvrir aux autres sans renier les différences d’analyse. C’est ce que nous allons faire à l’échelle de la fédération du Rhône. Est-ce possible au niveau national ? Je n’en suis pas sûr au vu des tensions actuelles. Mais il existe aussi une deuxième solution : celle du 3ème homme, ou de la 3ème femme, qui, au-delà des querelles de personnes, pourraient réunir une organisation de travail. Quelqu’un qui soit assez proche et de Martine Aubry et de Ségolène Royal.

Vous décrivez un profil qui ressemble beaucoup à celui de Gérard Collomb, premier signataire de la motion Royal et qui a prôné depuis longtemps un rapprochement avec Martine Aubry ?

Je crois en effet, que s’il le voulait, il pourrait être en situation de rassembler des gens venant de différentes motions pour travailler ensemble. Il a choisi de rallier Ségolène Royal, mais il est resté proche de Martine Aubry, avec qui il partage notamment l’expérience de la gestion d’une grande agglomération. Gérard Collomb a le profil de ce troisième homme. Je crois qu’il faut, en tout cas, chercher quelqu’un comme lui si on veut dépasser les querelles de personne. Désormais, c’est à Martine Aubry de faire le premier pas.

Est-ce le scénario qui se dessine ?

Je n’en sais rien. Mais s’il cela ne se fait pas, si Martine Aubry choisit de gérer le parti avec 50,02% des voix, cela ne va pas tenir très longtemps. Je crois qu’on peut même aller jusqu’à la mort du parti socialiste.

Sur la plan local, comment comptez-vous faire pour que la fédération que vous allez diriger garde son indépendance vis-à-vis de Gérard Collomb, dont vous êtes le vice-président au Grand Lyon. Et comment, concrètement, gérer l’ouverture que vous prônez nationalement  pour le parti?

Il est vrai que je peux paraître juge et partie par rapport à Gérard Collomb. Néanmoins, je trouve qu’on lui prête une hégémonie localement qu’il n’a pas. Le Grand Lyon, ce n’est pas que Gérard Collomb. Il y a d’autres grands élus qui n’ont pas forcément choisi de suivre Ségolène Royal et dont la voix compte. Et la Fédération du Rhône ne sera pas non plus la fédération Gérard Collomb. Il a certes un impact non négligeable. Si Ségolène Royal a fait plus de 50 dès le premier tour dans le Rhône, c’est bien sûr parce que Gérard Collomb a su conduire localement une dynamique. Mais, aujourd’hui, mon objectif pour la fédération du Rhône est de faire entendre toutes les différences et de gérer ensemble cette fédération. Il n’est pas question de faire la synthèse qui n’a pas été faite au congrès. Néanmoins, chacun sera représenté et respecté. Je souhaite aussi que l’on réduise le fossé entre élus et militants par davantage de dialogue, que l’on élargisse le parti en accueillant des représentants du monde économique, social, intellectuel, culturel qui ne soient pas forcément adhérents mais qui aient leur place au parti. Car, lorsqu’un parti se referme sur lui-même, il se condamne à ne devenir qu’un parti bureaucratique.

Propos recueillis par Alice Géraud

 

Publié dans Ségolène Royal

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