Analyse critique du programme UMP – 10

Publié le par titof

Les propositions UMP contre la précarité et pauvreté

Le programme de l’UMP se garde bien d’évoquer les problèmes d’exclusion, de précarité et surtout de pauvreté qui en résultent.

Pour l’UMP et son président, la pauvreté, l’exclusion sociale ne sont finalement que le produit de choix individuels, acceptés ou délibérés. Le pauvre cherche implicitement à tricher avec les minima sociaux ou les revenus de solidarité. Il se complait dans une situation de marginalité et d’assistance. Faute de volonté ou de mérite personnel suffisant, il doit être stigmatisé pour s’être écarté du droit chemin ou de la norme. Il subit finalement le sort qu’il mérite. Cette approche, fondée sur la défiance à priori, perturbe considérablement le travail social et les travailleurs sociaux dans l’exercice de leur mission. Elle conduit à substituer progressivement le contrôle à l’accompagnement.

Pas étonnant dans ces conditions et avec une telle approche sous jacente que l’UMP pratique l’impasse sur une réalité collective et sociale qui la gène et l’accuse en même temps.

La pauvreté, conséquence directe de la précarité galopante méthodiquement générée par les politiques économiques et sociales de droite, progresse gravement, dans notre pays, depuis près de cinq ans. Il ne s’agit pas là du dégât collatéral d’une politique, mais du ressort même de cette politique.

Le nombre d’allocataires du RMI a augmenté de près de 20 % depuis 2002 sans parler de centaines de milliers de bénéficiaires de l’ASS. Quatre embauches sur 5 sont effectuées à titre précaire, qu’il s’agisse de temps partiel subi, de CDD, d’intérim ou de CNE le tout dans un contexte de taux de chômage élevé. La précarité du contrat de travail se développe dans le secteur privé, comme dans le secteur public et para public, avec une concentration plus marquée dans les TPE et PME. De surcroît, la précarité connaît une nouvelle dimension et de nouvelles formes, à travers les emplois de service à la personne. Le déficit de dialogue et la quasi absence de représentation syndicale, dans le secteur professionnel contribuent à fragiliser un salariat déjà extrêmement émietté.

Plus de 40 % des salariés perçoivent aujourd’hui moins d’1,4 fois le Smic, soit moins de 1400 euros mensuels nets. 7 millions de personnes vivent avec moins de 800 euros par mois. 4 millions d’entre elles connaissent un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté absolue, dont plus d’un million d’enfants.

Le nombre de Sans Domicile Fixe a lui aussi progressé de l’ordre de 20 % en un peu plus de 4 ans,pour dépasser la barre des 100 000. Parmi eux, plus d’un quart sont des salariés, souvent à temps partiel subi ou intérimaires : ils perçoivent moins de la moitié d’un Smic mensuel, dans des conditions intermittentes et aléatoires qui suscitent le rejet du secteur bancaire.

Il faut de surcroît ajouter, à ce constat, le développement de la crise du logement avec la flambée de l’immobilier qui ne profite qu’aux titulaires d’un patrimoine ; la détérioration de la situation matérielle de nombreuses personnes âgées sous l’effet des réformes Balladur et Fillon ; la fragilisation d’une partie de la jeunesse qui, faute de moyens et de perspectives, hésite voire renonce à se soigner ; c’est le cas notamment pour 25 % des étudiants ; l’explosion du surendettement des ménages.

Nous sommes aujourd’hui confrontés à une société, éclatée, disloquée, au sein de laquelle les inégalités se creusent et se structurent ; l’absence de perspective et la peur du lendemain créent la défiance et le repli sur soi. En outre, la dernière étape de la décentralisation imposée par le gouvernement Raffarin favorise le désengagement de l’Etat et transfert une partie importante de ses responsabilités –non financées- sur les collectivités territoriales, au plan social. Les départements, en particulier, connaissent, de ce fait, de grandes difficultés. La disparité territoriale s’ajoute à la disparité sociale.

L’UMP ne traite pas ce sujet car elle a abandonné toute ambition de cohésion sociale. Elle préfère proposer de nouvelles baisses d’impôts sur le revenu pour les plus favorisés –d’ailleurs non financées-, s’attaquer aux droits de succession- au nom de l’égalité des chances sans doute- éroder encore davantage l’Impôt de Solidarité sur la Fortune afin de conforter le moral et la confiance de quelques centaines de milliers de privilégiés, vivant trop souvent, davantage de leurs revenus que de leur travail.

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