Les trois erreurs de Nicolas Sarkozy, les trois questions des socialistes
Depuis son élection, le Président de la République est omniprésent. Cette occupation de l’espace médiatique n’a d’autre but que de détourner les esprits pour masquer ses insuffisances sur le front de la croissance et du pouvoir d’achat, ainsi que la dégradation des comptes publics.
Le candidat Sarkozy avait promis que le retour de la confiance engendrerait celui de la croissance. Son échec est aujourd’hui programmé – ni confiance, ni croissance - car il a commis trois erreurs majeures au cours de ses 100 premiers jours.
La première erreur, c’est l’adoption du « paquet cadeau fiscal ». La note est élevée : plus de 15 milliards d’euros par an, alors même que la croissance est molle (1,8 %) et que les perspectives budgétaires sont particulièrement alarmantes, et les faits le prouvent, sans effets positifs sur notre économie.
La deuxième erreur, c’est la dérive de la dette. En hausse de 35 milliards d’euros au cours des trois derniers mois, elle atteint désormais 1175 milliards d’euros (65% du PIB). En la laissant filer, la majorité transfère une charge inacceptable sur les générations à venir. De plus, l’actuelle remontée des taux d’intérêt à long terme risque d’accroître sa charge de 4 à 5% par an, la faisant passer de 39 milliards en 2007 (deuxième poste du budget) à 46 milliards d’euros à 2010, soit 7 milliards d’euros de plus chaque année, réduisant ainsi encore en peu plus la maigre marge de manœuvre budgétaire de l’Etat. La désinvolture de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de cette question de la dette est la marque d’une irresponsabilité fautive.
La troisième erreur, c’est l’inaction sur le terrain de la compétitivité profonde : rien pour la recherche, l’innovation, l’investissement, la formation ou l’éducation, si ce ne sont des mots vides et des coupes claires. En conséquence, la progression de l’investissement est nulle, tout comme celle de l’emploi marchand au deuxième trimestre (-16.500 postes dans l’industrie, ralentissement de la progression dans les services,…). Quant à la balance commerciale, elle accuse déjà un déficit de 15 milliards (alors que l’Allemagne réalise un excédent de 73 milliards d’euros).
Ces échecs amènent les socialistes à poser trois questions au Président de la République :
• Qui paiera la facture ? En effet, la croissance étant aujourd’hui inférieure quasiment de moitié (1,8%) à celle nécessaire à la réduction des déficits et au paiement du paquet fiscal (3%), le gouvernement va devoir recourir à une hausse des prélèvements, comme le laisse déjà entrevoir ses déclarations sur l’expérimentation de la TVA sociale, le financement du plan Alzheimer ou bien le Grenelle de l’environnement. Les Français doivent savoir qui paiera le prix des choix catastrophiques et des préférences fiscales de la majorité ;
• Quand cessera le déni de réalité sur la croissance ? L’ensemble des données disponibles converge pour la situer aux alentours de 1,8%, c’est-à-dire bien loin de 2,25% à 2,5% avancés par le gouvernement pour bâtir son budget. Si le gouvernement maintenait ses prévisions, la confiance des français vis-à-vis de ses élus en pâtirait, tout comme celle de nos partenaires européens ;
• Quand les PME seront-elles enfin la priorité du gouvernement ? En choisissant l’université d’été du MEDEF pour prononcer son premier grand discours de politique économique, le Président de la République entérine sa préférence pour les grands groupes. Ce choix, qui s’opère au détriment des TPE et des PME, est à contresens de ce qu’il faudrait faire, c’est-à-dire orienter les aides et la commande publique en direction des PME, en mettant en place des mesures ciblées et adaptées.
Communiqué de Michel Sapin, Secrétaire national à l’Économie et à la Fiscalité