Fuites d’uranium : les associations écologistes dénoncent la "faillite du nucléaire"

Publié le par titof

PARIS - Les associations écologistes ne cachaient pas vendredi leur colère après l'annonce d'une nouvelle fuite d'uranium sur un site Areva, dans la Drôme. "Derrière ces incidents à répétition se dessine la faillite de toute une filière dangereuse, coûteuse et inutile", a accusé Greenpeace dans un communiqué.

La nouvelle fuite d'uranium s'est produite jeudi après-midi à l'usine de fabrication de combustibles nucléaires FBFC à Romans-sur-Isère (Drôme), après la rupture d'une canalisation enterrée de rejets d'effluents liquides uranifères, selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), sans préciser le degré de gravité. Les enquêteurs de l'ASN ont précisé que la rupture de cette canalisation daterait, selon l'exploitant, de "plusieurs années".

"A l'heure où l'on nous présente le nucléaire comme la planche de salut pour l'indépendance énergétique et le climat, et quelques jours à peine après l'annonce de la construction d'un nouvel EPR (par Nicolas Sarkozy, NDLR), les accidents de Tricastin et de Romans-sur-Isère viennent rappeler une réalité toute simple: le nucléaire est une énergie polluante, dangereuse et mal maîtrisée!", accuse Frédéric Marillier, chargé du nucléaire à Greenpeace France, dans un communiqué.

L'organisation écologiste a "pris acte" de la demande par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo d'une inspection immédiate de l'état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires, après la fuite d'uranium intervenue le 7 juillet à l'usine de retraitement Socatri au Tricastin (Vaucluse). Mais elle "regrette vivement que cette préoccupation soit si tardive et opportuniste".

Ces "incidents à répétition (...) mettent en lumière les défaillances de la filière nucléaire, dues notamment à un sous-investissement dans la sécurité, la protection de la santé humaine et de l'environnement", a jugé de son côté Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement et présidente du parti CAP21.

Pour elle, "il est aberrant et inacceptable que la politique nucléaire ne fasse pas l'objet d'une évaluation globale en terme de coûts et d'avantages, évaluation confiée à une commission extérieure au lobby nucléaire".

De nombreuses associations dénonçaient en particulier vendredi le manque de transparence du secteur. "Tous les pouvoirs de gestion de la filière nucléaire sont concentrés dans les mains des cinq dirigeants" de l'ASN, a déploré dans un communiqué la fédération France Nature Environnement, qui regroupe environ 3.000 associations de défense de l'environnement.

FNE demande que des autorités de contrôle indépendantes "puissent faire un audit public de ces différents accidents pour que tout citoyen puisse en connaître les causes et les effets". Elle réfléchit par ailleurs "aux actions en justice possibles".

"Quand, d'un côté, on vous dit qu'il n'y a absolument aucun impact et, de l'autre côté, le préfet qui prend des mesures de restriction de la consommation de l'eau, on se pose la question (...) Où est la logique là-dedans?", a souligné sur LCI Roland Desbordes, le président de la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD). "Quand on parle de transparence et qu'on ne sanctionne pas les mensonges, je ne vois pas où est la transparence", a-t-il lâché.

Pour le réseau Sortir du nucléaire, qui réclamait vendredi la démission de la PDG d'Areva Anne Lauvergeon, "l'irresponsabilité de l'industrie nucléaire éclate au grand jour". La rupture de canalisation à Romans-sur-Isère "date de plusieurs années selon l'entreprise elle-même!", s'indigne l'organisation, alors que "cette fuite n'a pourtant été signalée" à l'ASN que jeudi.

Sortir du nucléaire demande que les vérifications requises par M. Borloo portent "sur l'ensemble des sites nucléaires français, y compris les usines, les sites de stockage de déchets, et les mines d'uranium à l'abandon, et non pas seulement sur les 19 centrales françaises". Par ailleurs, pour être "crédibles", elles doivent "être menées par des organismes indépendants (...) n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire ni avec l'Etat français". AP

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