Big Brother est arrivé. Orwell n’avait au fond que 24 ans de retard

Publié le par titof

Orwell nous l’avait promis pour 1984. Avec un peu de retard, le voilà en train de s’installer dans notre pays. Il devrait plutôt l’appeler « Big Sister », car il s’appelle Edvige. C’est un décret paru discrètement le 27 juin 2008 qui lui a donné naissance.

Sa mission ?

« Centraliser et analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l’exercice de leurs responsabilités ». Pour parler plus clairement, elle va nous espionner.

Syndiqué, élu, commerçant, religieux, militant, et institutionnel, manifestants... ce qui regroupe pas mal de monde, pour ne pas dire tout le monde.

Ceux qui pensent ne pas l’être devrait se rappeler de cette parabole : « quand ils sont venus chercher mon voisin qui était militant, je n’ai pas réagi, quand ils sont venus chercher un autre voisin qui était noir, juif, arabe (barrer la mention inutile) je n’ai pas réagi, maintenant il ne reste plus que moi, ils frappent à la porte, et il n’y a plus personne pour m’aider ».

Mais voyons les autres missions d’Edvige : « centraliser et analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l’ordre public »

Çà c’est pour vous, et pour moi.

Si j’écris un article sur internet qui critique le Président, prétextant qu’il ne fait pas ce qu’il avait promis de faire, ou qu’il se contredit, je rentre parfaitement dans la mission donnée à Edvige.

Une troisième mission ?

Bien sur, elle est la conséquence des deux précédentes : « Permettre aux services de police d’exécuter les enquêtes administratives qui leur sont confiées en vertu des lois et règlements, pour déterminer si le comportement des personnes physiques ou morales intéressées est compatible avec l’exercice des fonctions ou des missions envisagées ».

Si l’article évoqué plus haut paraît, il faut que je m’attende à voir débarquer la police d’Edvige.

Le ministre de l’intérieur (N. Sarkozy) interrogé sur l’intérèt d’installer un peu partout dans le pays des caméras de surveillance avait déclaré : « j’ai considéré que l’idée de mettre des caméras vidéo de surveillance n’était pas une bonne idée » ; puis, quelques mois après, élu Président, il déclarait sans complexe : « je ne vois pas en quoi, et qui peut penser que mettre des vidéos à certains endroits soit un élément d’une société dictatoriale ».

Résumons la situation :

-  Les caméras de surveillance sont installées,
-  un service de renseignement va être financé grâce au budget enlevé à l’armée,
-  les médias sont instrumentalisés.
-  le Président a mis l’essentiel du pouvoir médiatique dans sa poche,
-  un décret vient de donner naissance à une drôle de fille, Edvige.

Pas de doute possible, Big Sister est arrivée. Le but étant de tuer dans l’œuf toute forme d’opposition. Il est intéressant de voir comment les Français vont réagir. Ils ont déjà fait l’impasse sur le mot « fraternité », en préférant les égoïsmes parentaux, ou corporatistes ; le mot « égalité » est devenu pour beaucoup un lointain souvenir ; mais quid du mot « liberté » ?

Bien sûr une pétition lancée il y a peu a récolté un peu plus de 80 000 signatures, mais pour un pays de 60 millions d’habitants, c’est quand même peu.

Car, comme disait un vieil ami africain : « Pour dire au crocodile qu’il a une sale gueule, il faut d’abord avoir traversé la rivière ».

LA SOURCE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article