La grogne des "délocalisés" s'amplifie contre la réforme de l'Etat

Publié le par Sarkomance

LeMonde.fr

Le malaise social gagne la fonction publique. Alors que le gouvernement, malgré la crise, est bien décidé à poursuivre la réforme de l'Etat et à supprimer 30 000 postes en 2009, la contestation s'amplifie dans les services concernés. Un millier de personnes ont ainsi manifesté, samedi 13 décembre à Paris, contre les projets de "démantèlement rampant du service public". Ce mouvement intersyndical rassemble les agents menacés par les restructurations et les délocalisations imposées en guise de compensation du départ de l'armée d'un certain nombre de ses bases.

A la tête de la contestation, les services de la statistique publique restent farouchement opposés au transfert proposé par le gouvernement à Metz d'un peu plus de 1 100 personnes venant de l'Insee, des ministères du travail, de la santé, de l'éducation nationale et de l'agriculture. Dans un rapport récent, le directeur de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, et Jean-Pierre Duport, vice-président du conseil national de la statistique, ont tenté d'en limiter les conséquences à près de 600 personnes, tout en pointant les risques de dégradation du service.

"NI ACTEURS NI IMPLIQUÉS"

Dans l'attente de la décision finale du premier ministre, François Fillon, les salariés multiplient les protestations en retardant la publication des chiffres et des indices et en bloquant le site Internet de l'Insee. Pour la plupart ingénieurs hautement qualifiés, les 300 agents du Service d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements (Sétra) refusent, eux, leur déménagement de Bagneux (Hauts-de- Seine) dans les casernes du deuxième régiment de hussards à Sourdun, près de Provins (Seine-et-Marne). La délocalisation du siège de l'Office national des eaux et forêts (ONF), de Paris à Compiègne (Oise), devrait concerner 280 salariés. Mais les syndicats s'inquiètent de la suppression de 450 autres emplois avec la fermeture de centres dans des zones rurales. A Toulouse, la réduction des effectifs de Météo France, de l'ordre de 130, et la suppression de services de proximité est en contradiction avec "l'objectif politique affiché par le Grenelle de l'environnement", dénonce Emmanuel Celhay (CGT).

" Une délocalisation, ça se passe dans la douleur ", soulignait avant la manifestation Alain Barbier (FSU) du Conseil national de documentation pédagogique (CNDP), transféré de la rue d'Ulm à Chasseneuil-du-Poitou (Vienne). Six ans après la décision, seule une dizaine d'agents sur 500 ont accepté leur déménagement. "Les fonctionnaires ne sont pas contre les réformes. Mais ils éprouvent un profond malaise car ils n'en comprennent pas la justification et ne se sentent ni acteurs ni impliqués", expliquait également Brigitte Jumel (CFDT). Cette inquiétude gagne l'ensemble des services concernés par la réorganisation de l'Etat dans les départements et régions. Jean-Marc Canon (CGT) y ajoute " la volonté du gouvernement de passer en force en matière salariale ". Les hôpitaux ne sont pas épargnés. Pour endiguer les déficits, des suppressions d'emplois ont été annoncées dans les CHU de Nancy, Besançon et Le Havre.

 

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