La doctrine Sarkozy : des projets décousus 1/2
Quand l’incompétence dispute avec la surdité, M.Sarkozy semble figurer ce type du dirigeant doctrinaire qui, loin de rester à l’écoute des avis les plus lucides, prétend imposer une réponse absolue, ferme et définitive sur tous les sujets.
Nous nous limiterons à quelques points fondamentaux de la politique économique où la doctrine Sarkozy fait merveille: permettant l’ouverture d’une série de faux débats qui ne sont appuyés ni par la raison ni les fruits de l’expérience et qui conduit à appliquer de fausses solutions - à des problèmes réels ou supposés - dont les résultats ne font qu’aggraver une situation déjà délicate.
Qu’il soit question du déficit public, de la relance de la croissance économique et de la réduction du chômage toutes les mesures proposées dans le programme et les interventions de M. Sarkozy - et sur lesquelles s’attache l’imagination délirante du personnage - convergent dans un sens contraire à ce qu’il faudrait faire pour assurer la prospérité de
I. Le déficit public
On sait que la dette de l’Etat résulte du déséquilibre entre les recettes fiscales et les dépenses publiques. Chaque année depuis 1974
Qu’a fait M. Sarkozy ? Que propose t-il ? Tout le contraire.
C’est à partir de 1993, et surtout durant les années 1994 et 1995, alors qu’il était ministre du Budget sous le gouvernement Balladur, que le déficit a bondi jusqu’à 6 %, au mieux 5,4 % du PIB. Il obtient ainsi le triste record du déficit budgétaire de
En avril 2004 le même hurluberlu, alors ministre de l’Economie et des Finances, sort de son chapeau une solution miracle : Il faut vendre l’or de
Nous n’entendons donc plus parler de vente du stock d’or de
Sur le plan des recettes fiscales, les nouvelles déclarations de M. Sarkozy provoquent la même stupéfaction. Apres avoir fait exploser la dette publique, fait disparaître une partie des réserves d’or de
"Nicolas Sarkozy, qui promet 15 milliards d’euros de baisses d’impôts dès cet été, a souligné la semaine dernière qu’il ne s’interdirait pas de marquer une pause dans la réduction du déficit budgétaire." (8)
"Pourtant, c’est bien en France que l’impôt sur le revenu est parmi les plus faibles de tous les grands pays développés. Il est payé par un Français sur deux, seulement. Et les réformes menées ces dernières années ont progressivement ramené le taux marginal de 65% en 1981 à 40% cette année. Du coup, notre impôt est devenu très compétitif par rapport aux autres pays. Le taux moyen de l’impôt en France s’élève à... 8% ! L’étude, réalisée par le cabinet Landwell pour le Nouvel Observateur (voir page suivante), montre que l’IRPP est plus faible en France qu’en Allemagne ou en Belgique et même qu’en Grande-Bretagne, si souvent montrée en exemple." [...] "Une réduction de 4 points des prélèvements obligatoires, soit 68 milliards ! Un montant totalement fantaisiste. Ses conseillers ont donc réajusté le tir. Tout ne sera pas fait tout de suite. « Notre but est d’utiliser l’outil fiscal pour inciter au travail et à la production », insiste un de ses conseillers, le député UMP Gilles Carrez. La réforme du bouclier fiscal, qui plafonnerait à 50%, contre 60% actuellement, le total des impôts payés par un contribuable ? 0n ne sait plus si
Dans la dernière version du programme électoral : "Le candidat UMP ne reprend pas sa proposition de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires. Il affirme par contre qu’il "n’ [augmentera] pas les impôts mais au contraire [fera] tout pour les baisser". Il ne cite pas non plus l’abaissement du bouclier fiscal de 60 % à 50 % du revenu, dont il avait fait son cheval de bataille lors de son discours d’investiture. L’idée d’une franchise non remboursée pour les dépenses de santé a également été abandonnée. Mais dans le programme figure la suppression des droits de succession, "à l’exception des plus riches". Jeudi matin, Xavier Bertrand a pourtant affirmé que "tous les points qui ont été évoqués à un moment ou à un autre sous forme d’interview ou dans des discours restent bien au cœur du projet de Nicolas Sarkozy", même s’ils ne figurent pas dans le fascicule. Le bouclier fiscal "figure toujours, effectivement, dans nos intentions", de même que la franchise pour les dépenses de santé, a cependant assuré Xavier Bertrand." (11)
Ces propositions restant dans l’ensemble incertaines et contradictoires, nous restons donc dans le brouillard et rien de concluant sur le sujet de la réduction du déficit public n’est dit. Il faut simplement et sérieusement envisager le pire. Promettre des baisses d’impôts alors que la croissance patine et que le poids de la dette s’alourdit de jour en jour n’est pas sérieux. C’est un pari démagogique et irresponsable...
Sera-t-il un jour possible d’évoquer les causes structurelles de la dette ? Puisqu’il faudra bien voir un jour que les réductions d’impôts et la politique monétariste (qui oblige l’Etat à emprunter à plus de 3% d’intérêt la masse monétaire correspondant au surplus annuel de la production soit plus de 40 milliards d’euro en 2006) jouent un rôle essentiel.
C’est ce souci d’analyse réaliste qui fait dire : "Toutefois, si l’on agrège les créances et les dettes des ménages français, il ressort que les intérêts de la dette publique sont des revenus pour les Français payés par l’impôt des Français. Ce constat doit-il nous rassurer ? Eh bien non, car, explique l’économiste Jean-Marie Harribey, il traduit un effet de fiscalité redistributive à l’envers, puisque ce sont les classes aisées qui achètent des obligations d’Etat, alors que la structure de la fiscalité est telle que ce sont les classes pauvres qui paient l’impôt dans une proportion inverse à ce que commanderait la justice - l’impôt indirect non progressif étant prédominant par rapport à l’impôt direct progressif." (10)
(1) http://cluaran.free.fr/dette.html
(2) http://democratie-directe.blogspot.com/2007/02/dette-externe-en-france-vu-par-la-cia.html
(3) http://www.humanite.fr/journal/2004-04-13/2004-04-13-391824
(4) http://www.dsk2007.net/Le-mythe-du-tresor-cache.html
(5) http://www.leblogfinance.com/2006/03/fallaitil_vendr.html
(6) http://www.leblogfinance.com/2006/04/rions_jaune_ave.html
(7) http://www.gold.org/value/reserve_asset/gold_as/background.html
(8) http://www.lesechos.fr/info/france/4562537.htm
(9) http://hebdo.nouvelobs.com/p2211/articles/a336789.html
(10) http://www.contrecourant.org/article.php ?id=118
(11) Le Monde