Le complexe du gigantisme

Publié le par titof

ARSAC / AVENSAN. -- « Okahina, l'archipel de la glisse ». Tel est le nom du projet sportif, touristique et professionnel présenté récemment à des élus médocains
: Par Morgan Baillon
Pour l'instant, ce n'est qu'un immense champ de maïs de 300 hectares. Mais si « Okahina » se réalise, les amateurs de glisse du monde entier pourront dire : « On en rêvait, Laurent Héquily l'a fait ».
Laurent Héquily, gérant de l'Ile aux oiseaux - une entreprise de conseil pour les affaires et la gestion, domiciliée à La Teste - est aussi surfeur, amateur de ski nautique et de VTT.
Son rêve, il l'a eu en skiant sur un lac artificiel. Un « archipel de la glisse »... L'endroit concentrerait un maximum d'activités se pratiquant sur un plan d'eau - mer, lac, rivière - ouvert à des activités complémentaires et garantissant une pratique à l'année, par tous les temps, pour des publics variés.
Sa "vision" ne date pas d'hier mais d'une dizaine d'années. Et visiblement, elle le poursuit toujours. « J'ai déjà investi près de 500 000 euros pour valider chacun des pôles à implanter dans ce complexe. J'ai de quoi remplir des armoires entières », annonce-t-il.
Un projet mégalo ?
Et pour cause. Le projet est immense - du jamais vu - et de prime abord, il semble parfaitement mégalomane. Outre les pôles liés à l'activité sportive (voir encadré), Laurent Héquily veut créer plusieurs univers. L'un serait consacré à la détente avec de la plongée et un espace aqualudique pour les enfants. En parallèle, Okahina proposerait un espace de remise en forme et de soins (spa). Un autre serait dédié à la restauration et au commerce (boutiques, bars, restaurants, snacks...) sans oublier les structures d'hébergement (résidences et aires de camping).
Pour compléter encore cet impressionnant dispositif, le concepteur du projet envisage d'inclure une dimension événementielle (avec, par exemple, des compétitions) et pourquoi pas, une activité réservée aux entreprises (formations, stages « incentive ») pouvant aller jusqu'à l'accueil d'une « pépinière » spécialisée dans le secteur de la glisse (laboratoires et centres de tests).
Pas un parc d'attractions.
« Attention, "Okahina" ne sera pas un parc d'attractions », prévient le porteur du projet. « Le modèle s'approchant le plus du concept, c'est la station de sports d'hiver : un environnement ouvert où l'on circule à sa guise, accueillant divers publics - pas seulement des pratiquants - et où l'on ne paye que ce que l'on consomme - une boisson, une location d'appartement, une activité de sport ou de loisir », décrit-il. « Contrairement à un "pur" parc de loisirs où l'on ne va que deux fois par an au maximum, le pratiquant et sa famille auront vocation à revenir souvent, tout au long de l'année ».
Le complexe verrait le jour sur les communes d'Arsac (200 hectares) et d'Avensan (100 hectares), à proximité de la Winery de Philippe Raoux. Un emplacement idéal, selon Laurent Héquily : « Ici nous sommes à 15 minutes de Bordeaux, à 30 de l'Océan, à 50 du Bassin et proches de l'Estuaire. Le site répond à bien des contraintes géologiques. Nous allons entièrement le "renaturaliser" avec des lagunes, des dunes, des forêts. Côté bâtiments, nous n'allons pas tout bétonner, bien au contraire : le bois sera partout privilégié », promet-il. Le projet serait confié au cabinet d'architectes paysagers Signes, connu à Bordeaux pour ses aménagements liés au tramway.
Bien entouré.
« C'est un très gros projet mais il est parfaitement cohérent et en adéquation avec la culture de glisse très présente en Médoc. Plus de la moitié des surfeurs aquitains sont en Gironde », rappelle Laurent Héquily. « Toutes les études montrent que l'offre touristique se sclérose si l'on n'innove pas. On sait que l'Aquitaine connaît un déficit de structures touristiques : seuls Aqualand et la dune du Pilat accueillent plus de 100 000 visiteurs par an, c'est très peu. Quant aux capacités d'hébergement dans le Médoc, elles sont non seulement très déficitaires en deux et trois étoiles, mais concentrées sur le littoral », argumente pour sa part Philippe Massol, directeur du projet. Cet ancien dirigeant du Futuroscope de Poitiers, ancien associé d'un cabinet de conseil en ingénierie touristique, a récemment rejoint l'Ile aux oiseaux.
"Okahina" a été présenté aux élus médocains concernés il y a quelques jours. « Force est de constater que Laurent Héquily sait s'entourer », note Martine Noverraz, directrice technique du Pays Médoc. « Pour moi, ce projet est non seulement structurant mais surtout, il correspond à la façon dont on voudrait développer le Médoc », confie-t-elle.
La première tranche du projet, dont le coût est estimé à 150 millions d'euros - pas surdimensionnée selon Philippe Massol -, pourrait sortir de terre en 2011. D'ici là, l'Ile aux oiseaux devra trouver des investisseurs privés et publics. « Je ne suis pas certain qu'"Okahina" verra le jour mais j'arrêterais tout de suite si de nombreux acteurs n'avaient déjà manifesté leur intérêt. J'estime que le projet a plus de chances d'aboutir que l'inverse », ajoute sans plus de précisions le chef d'entreprise.
Quant aux élus, ils se classent, selon Martine Noverraz, en trois catégories : « Ceux qui disent "ça ne marchera pas" mais il n'y en a pas beaucoup. Ceux qui disent "c'est trop beau pour être vrai" et ceux pour qui "vraiment, ça vaut le coup d'essayer" ».

Publié dans Actualités

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article