Sarkozy pratique la stratégie de l’étouffement"
Maurad Rahbi, Secrétaire confédéral de la CGT, réagit à la toute dernière intervention télévisée de Nicolas Sarkozy. "Faire croire que tout peut se régler en quinze jours, c’est un mensonge dangereux", dénonce-t-il.
Qu’avez-vous pensé de l’interview télévisée de Nicolas Sarkozy jeudi soir ?
Il n'a rien dit de nouveau ! Il continue à ouvrir tous les chantiers en même temps en lançant, à chaque fois, un simulacre de négociations. C’est ingérable. Qu’il s’agisse des régimes spéciaux, du pouvoir d’achat, du chômage ou des franchises médicales, chacun de ces sujets est très lourd et nécessiterait beaucoup de réflexion. Faire croire que tout peut se régler en quinze jours, c’est un mensonge dangereux. C'est de la pure démagogie.
Vous pensez qu'il est impossible de tout négocier en même temps ?
En réalité, Nicolas Sarkozy n’a aucune volonté de négocier. Il nous fait croire qu’il nous laisse du temps, mais en fait, il pratique la stratégie de l’étouffement. Il sait très bien que les partenaires sociaux ne pourront pas discuter sur tout en même temps. A quoi bon d’ailleurs, puisque l’on sait que son plan de route est déjà fixé et qu’il reprendra la main si les accords ne lui conviennent pas ! Il veut noyer tout le monde, les partenaires sociaux comme les médias.
La CGT appelle à une manifestation nationale le 13 octobre. Pensez-vous que les Français se sentent concerné par la question des régimes spéciaux ?
Franchement, non. Nous ne sommes plus en 1995, les salariés du privé font face à trop de difficultés (bas salaires, précarité, chômage, etc.) pour se préoccuper du sort des cheminots. C’est tout notre problème aujourd’hui. Face aux politiques socialement destructrices du gouvernement, nous devons empêcher la division des salariés derrière leurs seuls intérêts. Nicolas Sarkozy stigmatise chaque catégorie pour affaiblir les revendications. Nous devons tout faire, au contraire, pour rassembler les salariés derrière des revendications communes. De la précarité à la dépendance en passant par les conditions de travail, les franchises médicales, les sujets ne manquent pas.