Les socialistes restent divisés sur le traité simplifié

Publié le par titof

On prend les mêmes et on recommence ? Les socialistes restaient divisés mercredi sur le traité européen simplifié, au lendemain d'un bureau national qui a donné lieu à un échange de vues entre partisans du "oui" et de l'abstention.

Désireux de ne pas tomber dans le piège tendu par Nicolas Sarkozy, les dirigeants socialistes promettent une position commune pour dans 15 jours.

Le débat fait rage au PS depuis l'adoption vendredi par les Vingt-sept du nouveau traité européen, et l'annonce de Nicolas Sarkozy de son intention de le faire ratifier le plus vite possible par le Parlement réuni en congrès, c'est-à-dire avant les municipales des 9 et 16 mars.

Mardi soir, les dirigeants socialistes ont débattu du sujet qui fâche lors de la réunion hebdomadaire du bureau national. Alors que les socialistes s'étaient plus ou moins rangés pendant la campagne présidentielle derrière la proposition de Ségolène Royal d'un référendum sur le prochain traité européen, le clivage de 2004-2005 entre tenants du "oui" et du "non" à la Constitution européenne resurgit.

Les partisans du "oui" sont montés au créneau. Le présidentiable Bertrand Delanoë a ainsi plaidé pour un soutien au traité. "Même s'il constitue un instrument imparfait, le nouveau traité européen a le mérite -essentiel- de sortir d'une situation de blocage institutionnel", estime le maire de Paris dans un communiqué publié mercredi. "Européen convaincu", M. Delanoë appelle le PS a adopter "une position claire : soutenir la ratification de ce texte".

Cette position est peu ou prou partagée par Ségolène Royal, sa rivale pour 2012. Dans un entretien publié lundi dans "Libération", l'ex-candidate estimait nécessaire "d'adopter ce texte le plus vite possible" pour passer ensuite à la préparation du traité social qu'elle appelle de ses vœux.

Les deux chefs de file des questions européennes au PS, Pierre Moscovici et Bernard Poignant, prônent eux aussi "un oui critique" au traité, de même que le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault.

"Je pense qu'il faut tout faire pour que ce traité soit ratifié", a affirmé ce dernier lors de l'émission Questions d'Info (LCP).

"Il y a un souci majoritaire de dépasser le 'oui' et le 'non'" au sein du PS, a-t-il estimé, jugeant que la situation avait évolué par rapport au précédent traité. Le député-maire de Nantes a souhaité "que dans les 15 jours qui viennent (...) on trouve une solution pour que le parti socialiste soit rassemblé sur une position claire, (...) pas défensive mais offensive".

Les anciens "nonistes" défendent pour leur part l'abstention ou le refus de vote. "Nous n'avons pas à nous substituer au peuple français", a lancé mercredi Henri Emmanuelli sur RTL. "Nous n'avons pas à accompagner M. Sarkozy quand il piétine le suffrage universel."

Les fabiusiens sont sur la même ligne. "Ce traité ne mérite ni excès d'honneur ni excès d'indignité. Ne prenons pas part à ce vote", propose Henri Weber. Le député européen note que le refus de vote est une "position mitterrandienne", puisque l'homme d'Epinay l'avait adoptée en 1972 lors du référendum sur l'entrée de la Grande-Bretagne dans la communauté européenne. Seul l'inamovible Jean-Luc Mélenchon reste partisan du "non".

Les socialistes sont-ils pour autant retombés dans leurs vieux démons ? Mardi soir, ils se sont mis d'accord... pour ne rien décider avant un nouveau bureau national dans 15 jours. "L'objectif est de parvenir à une délibération commune dans le courant du mois", confirme Benoît Hamon. Selon lui, la tonalité des échanges était plutôt constructive.

Car beaucoup au PS sont conscients du piège tendu par Nicolas Sarkozy, qui serait ravi de voir le premier parti d'opposition se déchirer avant les élections municipales. "Pas la peine de se précipiter la tête baissée dans ce qui apparaît comme une petite manoeuvre du pouvoir en place", avertit le numéro deux du PS François Rebsamen, favorable "à titre personnel" à ce mini-traité. "Les socialistes ne peuvent pas se diviser avant les municipales sur cette affaire", convient M. Weber.

AP

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