La construction de l'aéroport Grand-Ouest est confirmée

Publié le par titof

C'est Jean-Marc Ayrault qui rapporte l'anecdote. Inquiet de voir le Grenelle de l'environnement menacer le projet d'aéroport Grand-Ouest, prévu sur la commune de Notre-Dame-des-Landes, à 25 km de Nantes, le député-maire (PS) de Nantes interpelle sur-le-champ François Fillon. Le premier ministre, qui a longtemps défendu ce dossier lorsqu'il présidait la région des Pays de la Loire, le rassure aussitôt. "François Fillon m'a déclaré : Il n'est pas question de revenir en arrière. Ce projet, on y tient, on le fera. ", relate M. Ayrault.

Parole visiblement tenue. Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux transports, vient de confirmer la pertinence du projet, au grand dam de Louis Cercleron, maire (sans étiquette) de Notre-Dame-des-Landes. Alors que le Grenelle de l'environnement prône le gel des programmes aéroportuaires, le futur aéroport n'est pas menacé car, officiellement, il consiste en un transfert de l'actuelle plate-forme Nantes-Atlantique sur un autre site et non en la création d'un nouvel équipement à proprement parler.

Le Conseil d'Etat devrait d'ailleurs notifier la déclaration d'utilité publique du projet à la mi-janvier, révèle-t-on du côté de la préfecture des Pays de la Loire. "Il faut prendre au pied de la lettre la déclaration de Jean-Louis Borloo à l'issue du Grenelle de l'environnement, plaide Jean-Marc Ayrault. Le ministre a annoncé qu'il n'y aurait plus de création d'aéroport sauf problème de saturation et de sécurité. Or, à Nantes, on est exactement dans cette configuration." L'actuel aéroport de Nantes-Atlantique pose indiscutablement un problème de nuisances sonores. Le fréquent survol de la ville de Nantes inquiète aussi les autorités. "Cet argument-là n'est pas crédible, proteste François de Rugy, élu Vert, maire adjoint de Nantes chargé des transports et opposé au projet. S'il y a vraiment un problème de sécurité, alors, il ne faut pas badiner : il faut fermer l'aéroport immédiatement. Ou bien c'est de l'inconscience !"  Hormis chez les Verts, le projet d'aéroport Grand-Ouest bénéficie d'un large consensus au niveau politique.

Gestionnaire de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, la chambre de commerce et d'industrie (CCI) défend ardemment le transfert d'activité sur un autre site, mettant en valeur "un formidable atout de développement économique pour tout le Grand Ouest". "L'arrêt de ce projet serait une aberration économique et environnementale, assène Jean-François Gendron, président de la CCI. Aujourd'hui, on n'a qu'une seule piste à Nantes-Atlantique. Chaque année, le trafic augmente. En 2007, on va être proche des 2,6 millions de passagers, soit une hausse de 7%. La nouvelle plate-forme est prévue avec deux pistes. Ce qui fait qu'à son ouverture, on sera en mesure d'accueillir entre 3,5 millions et 4 millions de passagers." Dans ses versions les plus optimistes, la chambre de commerce et d'industrie table sur 8 millions à 9 millions de passagers à l'horizon 2050. "Prévisions irréalistes, dénonce Claude Colas, coprésident de l'Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport) : la capacité de l'actuel aéroport, qui est de 3,5 millions de passagers, est largement suffisante. Construire un aéroport supplémentaire est tout bonnement grotesque, surtout à une époque où l'on ne cesse de parler d'économies d'énergie et de réduction des émissions de CO2." "Logiquement, le Grenelle de l'environnement doit sonner le glas de ce projet, mais ses défenseurs ont la tête dure, note François de Rugy. Sur le fond comme sur la forme, ce dossier est insensé : à l'ère où tout le monde se met à parler de développement durable, on est prêt à inventer le concept d'aéroport jetable. Les solutions alternatives que nous avons proposées, telle la réorientation de la piste actuelle, n'ont jamais été étudiées sérieusement." Qui plus est, estime Claude Colas, "l'aménagement de la structure existante ferait moins de dégâts que son transfert à Notre-Dame-des-Landes, lequel nécessiterait l'expropriation de trente exploitants agricoles et d'une soixantaine d'habitants".

Le meilleur obstacle au projet, expose-t-on aussi du côté des opposants, viendra du portefeuille. La question du financement du projet – 500 millions d'euros au bas mot, sans les infrastructures routières et ferroviaires – est loin d'être réglée. "En ces temps de rigueur budgétaire et même de faillite de l'Etat français, selon le mot de M. Fillon, le gouvernement peut toujours se saisir du prétexte du Grenelle de l'environnement pour renoncer à ses engagements", espère François de Rugy.
Yan Gauchard

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