Arche de Zoé: visites des proches à Fresnes, audience le 14/01

Publié le par titof

(Reuters) - Au lendemain de leur transfert du Tchad vers la France, plusieurs membres de l'ONG L'Arche de Zoé ont reçu la visite de leurs proches à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), près de Paris.

Condamnés à huit ans de travaux forcés à N'Djamena pour tentative d'enlèvement d'enfants, ils comparaîtront le 14 janvier devant le tribunal correctionnel de Créteil qui doit adapter leur peine en droit français, a déclaré l'un de leurs avocats, Me Gilbert Collard, sur France Info.

A leur sortie de la maison d'arrêt, les familles étaient partagées entre soulagement et inquiétude, certaines rompant le front uni qu'elles présentaient depuis le début de l'affaire.

"Le fait de s'enlacer, de s'embrasser, c'était déjà énorme", a commenté à sa sortie Christine Péligat, l'épouse du logisticien Alain Péligat.

"Elle pleure (...) Il y a des moments où les larmes ça soulage, surtout quand on est victime d'une injustice pareille", a raconté le père d'Emilie Lelouch, la compagne du président de l'association, Eric Breteau.

La soeur de Dominique Aubry s'en est pris à ce dernier, qu'elle accuse d'avoir "dupé" certains membres de l'équipe en affirmant que Cécilia Sarkozy avait été mise au courant de l'opération et la cautionnait.

"Mme Sarkozy n'a rien à voir dans l'affaire mais Eric Breteau a prononcé ce nom-là pour allécher justement tous les gens qu'il missionnait", a-t-elle affirmé.

Les six membres de l'ONG ont été reconnus coupables de tentative d'enlèvement de 103 enfants africains qu'ils présentaient comme des orphelins du Darfour. La plupart seraient en réalité Tchadiens et auraient encore une famille.

RÉGIME FRANÇAIS D'EXÉCUTION DES PEINES

Samedi matin, les proches ont pu accéder au parloir pour les voir, notamment dans la structure hospitalière où ont été transférés le président de l'association, Eric Breteau, et l'infirmière Nadia Merimi. Au Tchad, les condamnés avaient observé une grève de la faim pour protester contre le "lâchage" des autorités françaises dont ils s'estimaient victimes et une brève grève de la soif après leur condamnation.

"On attendait leur retour, c'est déjà un grand soulagement", a dit à Reuters le porte-parole de L'Arche de Zoé en France, Christophe Letien. "On ira jusqu'au bout. Ce procès (au Tchad) a été une pure mascarade. Il n'a jamais été question d'enlever des enfants."

Paris avait demandé officiellement jeudi le transfert des travailleurs humanitaires français détenus au Tchad depuis deux mois. Les membres de L'Arche de Zoé ont donné leur accord à cette procédure qui s'appuie sur un accord bilatéral passé en 1976 entre le Tchad et la France, ce qui suppose acceptation de la peine prononcée.

Le 14 janvier, il s'agira d'une simple audience et non d'un nouveau procès, a précisé Gilbert Collard sur France Info. "La marge de manoeuvre est étroite. Elle dépend vraiment de l'envie des juges de donner une définition plus large (...) du droit du transfèrement", a-t-il estimé.

"Est-ce qu'on va arriver à faire admettre par la juridiction (...) qu'on ne peut pas accepter en France de valider une décision (prise) par une cour criminelle qui n'a pas siégé depuis trois ans et qui n'est absolument pas dans les normes (...) du droit démocratique (...) et où les procès se règlent à la kalachnikov", s'est interrogé Me Collard.

Une fois leur peine transformée, les condamnés auront accès au régime d'exécution des peines français, qui prévoit qu'un condamné dans une affaire criminelle peut formuler une demande de libération conditionnelle à mi-peine, soit après quatre ans de détention dans leur cas. Un juge d'application des peines peut également aménager leur détention.

Avocats et familles escomptaient une grâce du président tchadien Idriss Déby, une hypothèse à laquelle n'a jamais cru Jean-Louis Bianco, député des Alpes-de-Haute-Provence d'où est originaire le médecin de L'Arche, Philippe van Winkelberg.

"Quand on voit comment (Idriss) Déby a monté toute cette affaire en épingle, on ne peut qu'être sceptique", a-t-il déclaré à Reuters.

Aujourd'hui, il faut "tout tenter" pour aménager les peines et notamment obtenir le transfert dans des prisons proches de leur domicile, à Draguignan pour le médecin de Castellane, a-t-il ajouté.

Une instruction distincte pour "exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et escroquerie" reste ouverte à l'encontre des six à Paris.

Ils encourent une mise en examen, voire une mise en détention et un nouveau procès dans ce dossier, qui regroupe plusieurs dizaines de plaintes déposées par les familles approchées en France par l'association et qui ont versé des sommes d'argent.

Laure Bretton

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