Les lycéens toujours plus nombreux dans la rue

Publié le par titof

PARIS (Reuters) - Pour la cinquième fois en deux semaines, les lycéens se sont mobilisés jeudi, à Paris et dans plusieurs villes de province, contre les suppressions de postes prévues à la rentrée prochaine dans l'Education nationale.

Près de 60.000 lycéens ont manifesté sur l'ensemble de la France, selon l'Union nationale lycéenne (UNL). La Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) a avancé pour sa part le chiffre de 80.000 manifestants.

A Paris, les syndicats ont dénombré 35.000 manifestants et la police 19.000 lors du défilé du jardin du Luxembourg jusqu'aux abords du ministère de l'Education.

"De plus en plus de lycéens se sentent concernés et le mouvement ira crescendo tant qu'on aura pas de réponse concrète", a déclaré à Reuters le président de l'UNL, Florian Lecoultre.

Il a souligné que son organisation, qui hésitait à se rendre à la rencontre prévue vendredi avec le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, serait finalement présente "pour lui présenter les revendications des lycéens."

Les organisations appellent d'ores-et-déjà l'ensemble des lycéens à se mobiliser le 15 avril si leurs revendications n'étaient pas entendues d'ici là.

"Faut-il un autre mai 68?", pouvait-on lire sur une banderole brandie par des manifestants parisiens.

Fereydou Kolyaie, un professeur âgé de 58 ans, a défilé avec une photographie du chef de l'Etat portant la mention "âne". "Que peut-on attendre de Sarkozy ? Il a raté son bac", a-t-il déclaré en brandissant un article du Parisien, selon lequel l'actuel président n'a eu son baccalauréat qu'au rattrapage.

Quatorze personnes soupçonnées de s'être livrées à des violences - deux vitrines brisées, un véhicule endommagé, des vols avec violences - en marge de la manifestation ont été interpellées, a dit la préfecture de police de Paris. En outre, quatre personnes ont été appréhendées après la dislocation du cortège, dont une en possession d'un marteau brise-vitre.

Signe d'une hausse de la mobilisation, 5.500 lycéens et 400 fonctionnaires ont défilé dans la matinée à Grenoble, selon la préfecture de l'Isère.

A Lyon, un millier de lycéens sont descendus dans la rue, le double de la manifestation de mardi. A Toulouse, les manifestants étaient 3.000 selon les organisateurs et 1.700 d'après la police, contre 400 il y a deux jours. Dans le centre de Bordeaux, les manifestants étaient 500 à 600 à défiler.

"PATERNALISME POUSSIÉREUX"

Après une mobilisation déjà accrue mardi à Paris, l'UNL et la Fédération indépendante lycéenne (FIDL) ont reçu le soutien d'une quinzaine d'organisations syndicales, d'enseignants, d'étudiants et de parents d'élèves.

Dans un communiqué conjoint diffusé mercredi soir, ils réaffirment leur "volonté commune de défendre le service public d'Education aujourd'hui menacé".

Ils dénoncent les 11.200 suppressions de postes prévues cette année, dont environ 8.500 postes d'enseignants. Le secondaire devrait à lui seul perdre environ 8.800 postes.

"Les suppressions de postes, c'est le lot des lycéens malheureusement", a déploré sur LCI Florian Lecoultre.

"On a atteint d'une certaine manière le point de non retour car à plus de 35 par classe dans la plupart des établissements c'est impossible d'étudier en terminale", a-t-il déclaré.

Pour Xavier Darcos, interrogé jeudi par Le Parisien, "le nombre de manifestants évolue dans des proportions raisonnables et reste très concentré sur l'Ile-de-France".

"Derrière l'écran parisien, moins de 2% des lycées du pays sont bloqués", assure-t-il. Ses services n'ont diffusé jeudi que les chiffres de grévistes en région parisienne.

"Le fait que les manifestations reviennent tous les ans quasiment avec des degrés plus ou moins forts montre bien que ce n'est pas seulement une question de postes en plus ou en moins : ils manifestent un malaise", ajoute-t-il.

Un ton mâtiné de "paternalisme pour le moins poussiéreux", accuse le Parti communiste dans un communiqué.

"Ce n'est pas archaïque de refuser les suppressions de postes pour diminuer le nombre d'élève par classe quand on a pour objectif un enseignement de qualité", dit-il.

Xavier Darcos justifie les réductions d’effectifs annoncés par la baisse démographique. Les effectifs du second degré ont baissé de 145.000 élèves en trois ans et devraient encore reculer de 40.000 à la rentrée prochaine, dit-il.


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