18 Brumaire, on vous dit !

Publié le par titof

Par un coup d’état, Bonaparte a pris le pouvoir le 18 Brumaire an VII, Napoléon prenait le pouvoir. Je vous rappelle ce qui s’est passé (en résumé, car il y a eu pas mal de péripéties). Le régime du Directoire, qui comportait 5 Directeurs aux pouvoirs similaires, battait alors de l’aile, et un certain nombre de personnes résolues, Louis Bonaparte, Napoléon, Sieyès, Murat décidèrent d’en finir avec l’appui de l’armée. Napoléon, à leur tête, fit signer un décret comme quoi les assemblées siègeraient à St Cloud, assez loin de Paris, puis fit garder tous les points stratégiques de Paris. Le lendemain, il tenta de faire prononcer la chute du Directoire par le Conseil des Cinq cents, à savoir l’Assemblée Nationale. Pour cela il envahit lui-même le lieu de réunion du Conseil des Cinq Cents, où il fut mal accueilli par les députés, qui l’accusent de vouloir instaurer la dictature, et tentèrent de faire prononcer un vote pour le déclarer hors-la-loi. Apprenant cela, Sieyès déclare à Napoléon : "Ce sont eux, qui s’y sont mis, hors-la-loi" et propose de "faire marcher les troupes" : ce que décida Bonaparte un peu plus tard.

Ainsi se déroula le premier coup d’état militaire (et le seul) qui soit arrivé en France. (En 1958 De Gaulle a menacé d’en appeler à l’armée mais ne l’a pas fait).

Ces temps-ci l’UMP, à sa tête Sarko, veut modifier la Constitution de 1958, qui, comme toutes celles qui précédaient, interdit au chef de l’état d’investir les Assemblées pour venir y faire un discours. Le dernier qui a fait cela fut donc un certain Bonaparte.... Cela se passait le 19 Brumaire an VII. Vous saisissez la relation entre le coup d’état et l’actualité ? C’est depuis ce fameux coup d’état (qui s’est déroulé sans effusion de sang, soit dit en passant) que le chef de l’état n’a plus le droit de mettre les pieds à l’Assemblée et au Sénat.

Certes, cette volonté de vouloir aller faire des moulinets des bras devant des députés ou des sénateurs qui, pour le moment, n’ont rien demandé, n’est pas en soi seul une preuve que le président de l’exécutif veuille faire un coup d’état. Méfiance tout de même ! Au sens strict, la façon dont Fillon est considéré n’est pas non plus tout à fait compatible avec la constitution. Actuellement c’est bien le président qui gouverne et pas le premier ministre, personne ne songerait à le contester. Par cette proposition, le chef de l’exécutif chercherait à se faire tailler une Constitution sur mesure qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Quant aux députés, il semblerait que le PS soit décidé à ne pas voter la réforme de la Constitution, et l’UMP seule n’a pas la majorité. Sarko en serait donc pour ses frais. Mais là aussi, méfiance ! Maintes fois les députés ont plié devant l’exécutif et notre opposition actuelle est bien molle...

Il y a donc d’excellentes raisons de s’opposer à cette mesure symbolique, de même qu’il y aurait d’excellentes raisons de s’opposer à ce que ce genre de réforme constitutionnelle soit voté par les Assemblées : nous avons un excellent outil : le référendum : pour être valide, il faudrait alors que les projets d’amendements de la constitution soient non seulement l’objet d’un grand consensus parmi les politiques, mais aussi qu’ils soient expliquées de façon convaincante à la nation : cela veut dire que le débat politique serait restauré en France. On en est loin.

Racaille-du-69

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