Le Dalaï Lama vient en France sans rencontrer Sarkozy.

Publié le par titof

PARIS - Pendant que Pékin célèbre les Jeux olympiques, le dalaï lama effectue une tournée de douze jours en France marquée par l'absence de rencontre prévue avec le président français Nicolas Sarkozy, dans le souci d'épargner la susceptibilité de la Chine.

Le seul rendez-vous politique figurant au programme se déroulera mercredi au Sénat, où le chef spirituel des bouddhistes tibétains, âgé de 73 ans, verra uniquement les députés et sénateurs du groupe parlementaire sur le Tibet.

Nicolas Sarkozy, qui assistait à la cérémonie d'ouverture des JO à Pékin vendredi, a affirmé que le dalaï lama, qui était attendu en France lundi, avait "lui-même indiqué qu'il ne souhaitait pas qu'on organise une rencontre pendant les Jeux olympiques". "C'est un homme sage, qui sait très bien que, dans le raidissement et dans la tension, on n'améliorera pas la situation au Tibet", a poursuivi le président, assurant que "ce n'est que partie remise", "d'ici à la fin de l'année (...) on aura d'autres occasions". Et de lancer: "Ne soyez pas plus dalaï lama que le dalaï lama!"

L'opposition a sévèrement critiqué ce qu'elle considère comme une concession au régime chinois. "C'est un renoncement de plus", a déploré Stéphane Le Foll, pour le Parti socialiste, tandis que le député européen vert Daniel Cohn-Bendit dénonçait "une stratégie perdante", précisant que le président lui avait déclaré se donner "une fenêtre de cinq mois pour faire avancer les choses avec les Chinois".

Nicolas Sarkozy a toutefois remis aux autorités chinoises deux listes de prisonniers politiques à libérer, l'une dressée par l'Union européenne que préside la France ce semestre, et l'autre confiée par Daniel Cohn-Bendit. Mais si la question des droits de l'Homme "a été abordée" lors d'un entretien avec le président Hu Jintao chinois vendredi à Pékin, la situation au Tibet n'a pas été évoquée, selon l'Elysée.

Les relations entre Pékin et Paris se sont tendues après les déclarations du président français laissant entendre qu'il pourrait boycotter l'ouverture des JO pour protester contre la violente répression de mars au Tibet. Les nombreux incidents qui ont émaillé le parcours de la flamme à Paris en avril ont contribué au malaise, ainsi que les propos de M. Sarkzoy qui n'excluait pas le 10 juillet de recevoir le dalaï lama, lançant crânement que "ce n'est pas à la Chine de fixer mon agenda, ni de dicter mes rendez-vous".

D'autres chefs d'Etat comme le président américain George W. Bush et la chancelière allemande Angela Merkel, qui a d'ailleurs brillé par son absence à la cérémonie de vendredi à Pékin, ont quant à eux rencontré le chef spirituel des bouddhistes tibétains lors de son passage dans leur pays ces derniers mois.

Wangpo Bashi, secrétaire du Bureau du Tibet à Paris, a déclaré dimanche sur France-Info que "le moment n'est pas propice" à un face à face entre le dalaï lama et M. Sarkozy car Pékin pourrait y voir une "provocation". Il a cependant jugé la France "un petit peu à la traîne" par rapport "aux autres puissances occidentales" sur le sujet. Le Bureau du Tibet a précisé être en contact avec les collaborateurs du chef de l'Etat afin de "déterminer d'un commun accord le moment adéquat (pour une rencontre Sarkozy-dalaï lama) d'ici la fin de l'année". Un sommet de l'ASEM (Asie-Europe) est prévu en octobre.

Et si Nicolas Sarkozy ne voit pas lui-même le leader spirituel tibétain cette fois, son épouse Carla Bruni assistera en revanche le 22 août à "l'inauguration d'un important temple bouddhique" à Roqueredonde, près de Lodève (Hérault), et à la cérémonie religieuse que présidera le lauréat 1989 du prix Nobel de la Paix.

Tenzin Gyatso, le 14e dalaï lama, vit en exil à Dharamsala, en Inde, depuis l'échec d'un soulèvement tibétain contre les autorités chinoises en 1959. Incarnant la résistance pacifique tibétaine, il milite pour l'autonomie, et non l'indépendance, de cette province himalayenne. Il a rencontré par le passé le président François Mitterrand en 1993 (ainsi qu'en 1988, selon la veuve du président, Danielle Mitterrand) et son successeur Jacques Chirac en 1998.

L'essentiel de la visite du dalaï lama en France jusqu'au 23 août sera consacré à l'enseignement. Le leader religieux donnera notamment des conférences bouddhiques à Nantes du 16 au 20 août.

L'Union Bouddhiste de France (UBF) estime que la France compte aujourd'hui au moins 600.000 bouddhistes, asiatiques et "Français de souche" confondus. L'ambassade de France en Chine avance pour sa part le nombre de 400.000 adeptes du bouddhisme, ce qui en ferait la sixième religion de France, derrière le judaïsme (600.000 fidèles). AP

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