Analyse critique du programme UMP - 4

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Les propositions UMP pour la Recherche et l’Enseignement supérieur

L’UMP estime indispensable, un effort en faveur de la recherche et de la formation supérieure. Elle constate l’important retard accumulé par notre pays, au regard des grandes puissances économiques mondiales actuelles, Etats-Unis et Japon, mais aussi émergentes, Brésil et Inde. Elle omet de rappeler qu’une grande partie de ce retard provient de choix politiques et budgétaires malthusiens imposés depuis le début de l’actuelle législature. Remise en cause strictement idéologique du plan Jospin, coupes budgétaires de plus de 500 millions d’euros, gel des emplois scientifiques publics à l’orée du papy boom, ont marqué les trois premières années du quinquennat, au point de générer un puissant mouvement de contestation mais aussi de proposition, dans la communauté scientifique et dans l’opinion au printemps 2004.

La politique de recherche et de formation supérieure, conduite depuis 5 ans, compromet les ressorts de la recherche fondamentale, altère l’attractivité des carrières scientifiques hexagonales, affaiblit les laboratoires et les organismes publics de recherche, renforce une forme de paupérisation de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, la pénurie de chercheurs, d’ingénieurs, d’enseignants conjuguant formation et recherche, est patente.

Les propositions de l’UMP, derrière les incantations convenues, ne sont guère plus rassurantes. Elles s’inscrivent en effet, dans l’esprit du « pacte pour la recherche » adopté par la seule UMP, en 2005, et rejeté par l’essentiel du monde scientifique.

Ainsi elles confortent une forme de dirigisme étatique au sein de la recherche publique, sans répondre sérieusement à la question majeure des moyens humains et financiers. Elles négligent le problème de la désaffection rampante pour les métiers et les carrières scientifiques et l’hémorragie des talents vers d’autres continents. Elles privilégient l’innovation privée et de court terme, au détriment de la recherche fondamentale et multidisciplinaire, le crédit d’impôt coûteux, dépourvu d’évaluation réelle, au détriment de l’effort pluriannuel et assumé. Elles mésestiment l’ampleur du rattrapage à conduire, dans le domaine des emplois scientifiques de haut niveau, en outre, ces propositions ne répondent pas à la crise de la précarisation et de la contractualisation. Or la recherche, sur la base d’une évolution rigoureuse, a besoin de temps et de sérénité.

Pour l’enseignement supérieur, l’UMP rêve d’autonomie et de régionalisation. Elle poursuit ainsi, un objectif recherché de longue date, depuis le projet Devaquet de sinistre mémoire. Son projet est finalement celui du RPR, d’il y a 20 ans. Il fait l’impasse sur le défi de la démocratisation de l’enseignement supérieur, ainsi que sur l’urgence de l’amélioration de la condition étudiante.

Le pari d’une société, fondée sur la connaissance partagée et donc sur l’égalité d’accès au savoir et à la connaissance n’est pas traité. L’exigence d’une formation supérieure, filière de réussite pour le plus grand nombre, et adossée à une recherche puissante, pas davantage. Il est vrai que l’UMP préfère se complaire dans un discours introductif sur le déclin, politiquement très connoté.

Publié dans Données et arguments

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