Politique, informatique : les liaisons dangereuses

Publié le par titof

On peut être une star du renseignement et se révéler piètre informaticien. Faute d’avoir su effacer les données de son ordinateur, le général Rondot se trouve aujourd’hui dans une situation complexe au regard de la justice de notre pays. L’affaire Clearstream (1) vient de connaître de récents rebondissements mettant en cause Dominique de Villepin, qui a certainement connu des jours meilleurs. Surpris, l’ancien Premier ministre s’est vu demander son portefeuille pour un examen approfondi de son contenu et plusieurs clés USB et Cd-Rom ont été saisis par la justice.

Les suites judiciaires diront, peut-être, ce qu’il en est exactement. Les troubles manipulations des fichiers informatiques de comptes réels ou suspendus de personnalité de premier plan montrent que l’informatique ne se conjugue pas au temps de la vérité. On ne saurait trop conseiller alors aux conseillers de l’Elysée et des ministères de jeter leurs Blackberry en cas d’informations pouvant mettre à mal leurs défenses futures en cas de dossiers chauds bouillants.

Mon Blackberry ou je fais un malheur !

Issus pour partie du monde des entreprises, certains d’entre eux, addicts (dépendants, Ndlr) en quelque sorte, ne peuvent se passer de leurs « assistants personnels ». Cela ne prépare pas le café, ni de réalise des photocopies pour les dossiers urgents en triple exemplaire mais tout de même. Avec eux, on peut recevoir des messages électroniques, téléphoner, jouer à Tétris pendant les réunions un peu longuettes, et même, je connais un homme qui connaît un homme qui connaît un ours qui, travailler avec. Or, on le sait dans un contexte de guerre économique, d’espionnage industriel, les informations sont une ressource essentielle et une denrée à forte valeur ajoutée. Sur ses ennemis, c’est une évidence, sur ses amis, c’est de la prudence. Le Blackberry deviendrait alors, potentiellement, l’enigma du XXIème siècle, Enigma la machine, pas le groupe, c’est dire. Les recommandations du Secrétariat Général de la Défense Nationale, car c’est lui qui s’inquiète de ces usages, ne sont dénuées de fondements. Les protocoles informatiques qui régentent les communications ne sont pas, loin s’en faut, sans failles de sécurité. Un article revient sur cette question de protocole en étendant la question à l’ensemble de ceux qui régissent les systèmes d’information.

Ma broyeuse à papier is fantastic

D’autres modes publics sont également sur la sellette et font l’objet d’une attention particulière de la CNIL (Commission Nationale Informatiques et Libertés) qui vient de publier un rapport sur la question : dossier médical personnel, qui a accès à quoi ?, vote électronique, peut-on imaginer le vote à distance ?, vidéo-surveillance, quelles utilisations des vidéos ainsi récoltées ?

Il en est un qui a compris les méfaits possibles de l’usage intempestif de l’informatique. Il s’agit de Nicolas Sarkozy. Une photo illustrant son entretien au Journal du Dimanche du 8 juillet 2007 en témoigne. D’abord on constate l’absence d’ordinateur sur le bureau présidentiel, un gros téléphone type standard avec une ligne rouge directement relié au siège du parti socialiste, pour y téléphoner en imitant Gérald Dahan ou Jean-Yves Lafesse (2), et surtout sur la droite, évidemment, en-dessous du portrait de Charles De Gaulle sur la cheminée, une poubelle mécanique, autrement dit : un broyeur à papier. La prévoyance est l’ennemie de la modernité.
(1)A cet égard, la lecture des ouvrages de Denis Robert sur la question, ainsi que
son roman
(2)Pas de vidéo de Jean-Yves Lafesse ici pour
cette raison. s’inspirant de cette affaire, sont une source inépuisable d’interrogations et démontre un réel talent de la part de son auteur pour l’investigation.
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