Balladur et Sarkozy: de la préférence nationale à l'Identité nationale

Publié le par titof

Edouard Balladur aime les commissions, surtout quand il les dirige. Il préside actuellement celle qui doit faire passer la présidentialisation accrue du régime.

En 1998 il proposait déjà une commission sur le thème de la « préférence nationale », Nicolas Sarkozy lui apportait alors son soutien.

Quelques semaines après les élections régionales d'Avril 1998 qui avaient scellé l’alliance de la droite et du Front national dans cinq régions, la droite versait une fois de plus dans la surenchère contre les étrangers (voir nos articles précédents notamment Des "collègues" du FN à la tête de l'UMP et Sarkozy et le Front National: une liaison dangereuse)
Édouard Balladur, invité du Grand Jury RTL-Le Monde le 14 juin 1998, prend publiquement position pour la mise en place d’une commission chargée d’étudier le concept de “préférence nationale” ; interrogé par les journalistes il précise que cette instance devrait inclure des responsables du Front National.

Cette ouverture en direction du Front national, qui plus est sur le thème central du parti d’extrême droite, provoque un scandale.

Face à la polémique  Nicolas Sarkozy déclare alors: “Cela me choque d’autant moins que l’on discute tranquillement de la préférence nationale, qu’elle existe dans la fonction publique” (Le Monde, 16 juin 1998) et “les mots de préférence nationale n’ont aucune raison d’être présentés comme des tabous”

Dès 1990 Balladur avait déjà justifié ces discriminations, que la justice condamnera, dans son livre  « Douze lettres aux Français trop tranquilles » ; il écrit dans son style inimitable : “il me semble qu’il serait légitime de distinguer, parmi les prestations sociales, celles correspondant à des cotisations payées, selon le système de l’assurance, de celles correspondant à la mise en oeuvre par l’État ou les collectivités locales d’une solidarité nationale. Aux premières, tous ceux qui travaillent et paient des cotisations doivent avoir droit ; les secondes, en revanche, pourraient, dans certains cas et sous certaines conditions, être réservées aux nationaux”.

La même année, Sarkozy est le cosignataire d’une éphémère proposition de loi visant à instaurer le principe de préférence nationale dans les politiques des collectivités locales (proposition de loi de Jean-Louis Masson, RPR, du 11 avril 1990) dont l’article 2 dispose que “les collectivités territoriales définissent librement les conditions d’attribution des prestations visées à l’article premier : ces conditions peuvent être notamment relatives à la durée de résidence des bénéficiaires éventuels sur le territoire de la collectivité intéressée, au montant de leurs ressources ou à leur nationalité”.

C’est exactement ce que Bruno Mégret instituera plus tard à Vitrolles en 1998 en créant  une allocation de naissance de 5 000 francs (762,25 €) versée aux seules familles dont l’un des parents au moins est français ou ressortissant de l’Union européenne.

Le tribunal de Marseille a  annulé cette disposition municipale considérant que cette rupture d’égalité n’était pas justifiée.

C’est sous la houlette de ce couple Balladur-Sarkozy que « réflechissent » Jack Lang, Olivier Duhamel (ancien député européen socialiste auteur en son temps d’un manuel pour lutter contre le Front national) Guy Carcassonne conseiller de Rocard, Schramek chef de cabinet de Jospin.

Gageons qu’ils n’évoqueront guère dans leur cénacle ces dérives sur la « préférence nationale », annonciatrices de l’actuel ministère de l’Identité nationale.

MEMORIAL 98

Publié dans Vu sur le Web

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