Mesures antipédophiles : il est leurre de se réveiller

Publié le par titof

Au moment précis où le président se trouve embarrassé par sa promesse non-tenable d’exonération fiscale sur les intérêts d’emprunts immobiliers pour tous les contribuables, cette affaire de pédophilie tombe à pic pour lui.

Une occasion de se refaire sur un thème à forte charge émotionnelle. Nicolas Sarkozy n’est-il pas le seul à oser parler de "castration chimique" ? Comme si l’utilisation d’un terme excessif et inadapté (la castration étant définitive, le traitement hormonal non) était gage d’une volonté et d’un courage particulier. Pourquoi ne pas parler de lobotomie concernant les pilules proposées aux schizophrènes, pendant qu’on y est ?

Une fois encore, Nicolas surjoue l’émotion du père de famille qui trouve cette récidive intolérable. Il n’hésite pas à parler d’enfermement, de contrainte pour ces monstres manipulateurs qui s’en prennent aux plus fragiles. Et qui pourrait bien le contredire ?

L’examen approfondi de ces criminels avant leur relaxe apparaît comme une évidence. Leur détention médicale éventuelle à l’issue de leur peine, en cas de refus de se soumettre à un contrôle quelconque (bracelet électronique, traitement chimique) n’est pas scandaleuse. Les médecins peuvent déjà maintenir en asile les malades mentaux jugés dangereux. Et il faut s’appeler Marylise Lebranchu pour tomber dans le panneau de la contestation sur le fond et parler de "barbarie". Ou comment tomber dans le piège sarkozyste : la gauche, décidément laxiste !

Le problème est bien celui des moyens judiciaires et médicaux, des modalités du contrôle et de l’application de textes qui existent déjà. Comme l’explique très bien Elisabeth Guigou, une des rares au PS à avoir encore un peu de lucidité et de finesse politique.

Il est tellement plus facile de décréter une nouvelle loi, de convoquer le G7 pour interdire la crise économique, de renforcer les sanctions contre les délinquants, de hurler avec les loups… que de s’attaquer aux racines de ces problèmes. C’est beaucoup plus payant politiquement, beaucoup plus voyant auprès de l’opinion que le nécessaire mais ingrat travail de fourmi bâtisseuse. Napoléon sera toujours plus populaire que Richelieu.

L’opinion semble se satisfaire de l’action brouillonne, incantatoire et totalement dictée par l’agenda médiatique de notre nouveau président. Tant que le Magyar parviendra à rester dans l’émotionnel, la proximité, la démagogie "courageuse", il restera populaire, hélas. Le chef est nul ? Ouais, mais il est sympa, et t’as vu comme il bosse ? Pour preuve l’ étonnante affection qu’entretiennent encore les Français avec Jacques Chirac, dont le bilan est pourtant unanimement décrié.

Mais les citoyens savent aussi se montrer versatiles, contradictoires, imprévisibles et souvent ingrats. Tous les présidents l’ont constaté, y compris De Gaulle ("les Français sont des veaux"). Quand viendra l’heure des comptes, l’addiction sera salée pour la France, mais le patron du restau prendra cher, lui aussi.

Source: http://www.betapolitique.fr

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