Au revoir Royal !

Publié le par titof

Mme Lienemann a donc trouvé un éditeur pour son « Au revoir Royal ». Qui donc va lire son pamphlet en cette rentrée littéraire, à supposer que ce texte ait un rapport même vague avec la littérature ? Quand on songe au nombre de manuscrits passés, pendant ce temps, au pilon, parmi lesquels sans doute quelques pépites…

Comme l’a magistralement écrit Michel Noblecourt dans le Monde du 18 août : « quand on analyse une défaite, la critique est salutaire si elle ne se limite pas au ressentiment politique ou à l’aversion personnelle »

Justement, qui ne voit, dans ces brûlots à forte prétention commerciale, un ressort de simple haine ? D’une femme, d’une ligne politique, probablement, mais, au-delà de cette pulsion si primaire, où la jalousie le dispute à la vindicte, il s’agit plutôt d’une haine de soi. On entend par là une perpétuelle remise en cause de la famille, socialiste en l’occurrence : les militants se prononcent nettement pour le oui au référendum européen, alors on plaide mordicus pour le non. Ils désignent très largement une candidate pour l’Elysée au termes de primaires inédites : eh bien, ils se sont trompés derechef et on va s’employer à les remettre dans le droit chemin. Bref, on se mange le foie, mais sur le mode grand siècle, le XXème, celui des démocraties populaires…

Le plus croustillant, dans ces manœuvres douteuses, est que la violence de la charge et son manque de vergogne se retournent contre leurs auteurs : ainsi, dans un océan de sondages favorables au pouvoir et d’indices d’érosion de la popularité de l’ex candidate socialiste, on relève clairement que la grande majorité des Français et des électeurs de gauche attribuent sa défaite aux divisions et attaques de son camp, bien plus qu’à une question de dimension ou de fautes personnelles.

On ne sait ce dont la rénovation en cours accouchera. Tous les démocrates doivent a priori espérer qu’une force de gauche crédible et responsable pourra fournir une alternative véritable à une droite qui a, dans l’ensemble, réussi sa modernisation : tout comme les employeurs gagnent toujours à négocier avec des syndicats forts et représentatifs, c’est l’intérêt du pouvoir, surtout quand il est surpuissant, de disposer d’une opposition structurée.

Bref, ce chemin encore brumeux risque d’être long. Chacun est d’ailleurs libre d’envisager les formes de la rénovation à sa manière, y compris les derniers adeptes du Prince de Lampedusa auquel Visconti faisait dire : « il faut que tout change pour que rien ne change »

Mais si, au moins, ce peut être l’occasion de renvoyer les médiocres à l’oubli de Histoire et des gazettes, avec l’éternité politique pour ressasser le souvenir des sous-ministères que Mitterrand leur concéda en d’autres temps, gageons que la classe ouvrière, la jeunesse Française et l’internationale du progrès réunies, s’en remettront.

Josh Lyman

Publié dans Vu sur le Web

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