Sarkozy veut-il enterrer les affaires ? (2) L'appartement de Sarkozy

Publié le par titof

L'enquête sur l'affaire de l'appartement du couple Sarkozy acheté au rabais n'a pas abouti.

En voyage à Madrid le 27 février 2007, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, aurait piqué une colère noire, interrogé par des journalistes sur un possible délit d'intérêt sur son appartement de Neuilly-sur-Seine. De retour en France, il dément toute l'affaire. Depuis ce jour, aucun journaliste n'a osé lui reposer de questions sur le sujet.

 Le matin de ce 27 février, Le Canard Enchaîné avait révélé que Nicolas Sarkozy aurait accordé à un promoteur un rabais de 775 000 euros pour l'achat de terrains en vue de la réalisation d'un programme immobilier, puis bénéficié lui-même d'une ristourne de 300 000 euros sur l'achat d'un duplex sur l'île de la Jatte, à Neuilly-sur-Seine (92), alors qu'il était maire de la ville. Or, du fait de son mandat, il ne pouvait conclure une affaire privée avec un promoteur en contrat avec la municipalité. En droit, cette pratique est qualifiée de délit de prise illégale d'intérêt, une infraction passible de cinq ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende. Une plainte, fondée uniquement sur l'article du Canard Enchaîné, est alors déposée par un particulier. Philippe Courroye, tout juste nommé procureur du tribunal de Nanterre, s'en saisit. Mais ce dernier est fortement suspecté 'avoir tout mis en oeuvre pour étouffer l'affaire qui salirait la réputation de Nicolas Sarkozy, alors en campagne pour la présidence de la République.
Dans un article daté du 23 octobre, nos confrères de
Bakchich la façon méthodique dont cette affaire a été enterrée. Une enquête préliminaire est ouverte au printemps 2007 par le procureur Courroye, même s'il n'y est pas obligé, le plaignant n'ayant pas pour but de porter l'affaire en justice. De plus, la plainte de ce particulier est légalement irrecevable, puisque ce dernier réside dans le XXè arrondissement de Paris et non à Neuilly. À cette époque déjà, le procureur aurait pu ignorer l'affaire tout en respectant le code pénal. Il préfère transmettre le dossier à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), des policiers avec qui il travaillait au pôle financier et qui lui sont fidèles.
Selon Bakchich, Courroye fait ensuite «semblant d'enquêter». Le plaignant, la promotrice immobilière Madame Lasserre et le vendeur sont entendus. Auditions sans suite, aux conclusions arrangeantes : le plaignant est présenté comme un activiste anti-Sarko peu crédible, la promotrice immobilière reste silencieuse, ne pouvant dénoncer un délit auquel elle aurait participé, et le vendeur dit n'avoir effectué que les visites de l'appartement, sans discuter du prix avec le couple. Non content de l'économie réalisée sur l'achat de l'appartement, Nicolas Sarkozy aurait également bénéficié, de la part de la promotrice, de travaux gratuits. Les artisans employés n'ont, eux, toujours pas été interrogés. Le procureur Courroye ne s'en préoccupe pas et clôt les débats rapidement. Nicolas Sarkozy est suspecté de prise illégale d'intérêts et de corruption passive avec enrichissement personnel. L'enquête s'arrête là et depuis l'élection du Président, personne ne semble avoir eu l'idée saugrenue de rouvrir le dossier.

Marianne.fr
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