Effet boomerang ?

Publié le par titof

La stratégie politique de Sarkozy est-elle en passe de devenir contreproductive ? Dès son élection, et jusqu’à la rentrée, tous les commentateurs s’accordaient pour dire que le rythme des réformes engagées était très soutenu, que les organisations représentatives des secteurs ou catégories touchées étaient déboussolées. Pas le temps de réagir sur une proposition que le Président en annonçait une nouvelle. Il est apparu cette semaine que cette stratégie présidentielle a ses limites :

1. En premier lieu, le nombre de réformes réellement engagé est finalement très faible (même pour l’UMP). Si l’on oublie les effets d’annonces, on réalise que moins de 10% du programme électoral du Président a été mis en oeuvre. Les seules promesses traduites en acte solidifient le socle électoral du parti du Président en vue des élections municipales : les sympatisants frontistes seront satisfaits des peines planchers, des tests ADN, de la création du Ministère de l’Identité Nationale, des quotas ethniques et des expulsions quantifiées. Même le rapporteur de l’ONU sur le racisme ne s’y est pas trompé. Bienvenue au Vel d’Hiv (excusez mon emportement. C’est un sujet ignoble et sensible). Sarkozy nous avait promis la honte en la matière : nous l’avons, l’inefficacité en plus : les élites étrangères vont fuir (imaginez vous un ingénieur indien venir bosser en France, entre un test de Français et un test ADN pour faire venir ses enfants ?) et le travail clandestin prospère. Ceux qui croyaient au projet économique du Président en seront pour leur frais : le paquet fiscal n’a rien relancé, la croissance est en berne ; les statistiques du chômage ont été rapidement changées ; le déficit budgétaire en 2008 sera égal au dérapage de 2007 (+7 milliards d’euros) ; les heures supplémentaires sont un casse-tête : les Français ne croient même plus à l’efficacité du gouvernement pour améliorer leur pouvoir d’achat, LA promesse phare du candidat Sarkozy.

2. Les promesses trahies ne sont pas trop nombreuses, mais réelles : nous espérons qu’il ne reste plus grand monde pour croire à la "démocratie irréprochable" : deux ministres objet d’enquêtes judiciaires (Laporte et Santini), une garde des Sceaux qui pête un câble chaque semaine ; un Président qui augmente de 173% son argent de poche ; même l’affaire de l’Arche de Zoé pue à plein nez. Un vrai régime spécial, comme nous le notions la semaine dernière.

3. Troisièmement, Sarkozy a provoqué un début de confrontation sociale : l’agitation syndicale est-elle justifiée ? En tout cas, elle est réelle. Transports, énergie, universités, policiers et gendarmes, pêcheurs, Nicolas Sarkozy a voulu ouvrir tous les fronts ; et bien bonne nouvelle, ils sont ouverts. On dirait même qu’il cherche la confrontation. Président de tous les Français ? Faites gaffe à ne pas vous trouver dans une catégorie que le Président aurait en ligne de mire : enseignants, cheminots, étudiants, chômeurs, malades de longue durée.

4. Enfin, la réalité de la méthode apparaît enfin clairement : quand le Président veut enterrer un sujet, il propose un Grenelle général. Quand il a une petite idée mais préfère laisser le soin à d’autres le soin de la légitimer, il créé une commission (ex : commissions Balladur, Attali). Quand il a une conviction forte, il impose sans concertation.

Six mois plus tard, les deux craintes à l’origine de la création de ce blog semblent se vérifier : "Attends un peu avant de juger, c’est tôt" me dit un ami sarkozyste. "Mais, ducon, ce n’est pas moi qui ait cru que l’on pouvait atteindre la lune en 6 mois...."

Sarkofrance

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