UIMM: Denis Gautier-Sauvagnac en garde à vue à la brigade financière

Publié le par titof

(AFP) - Denis Gautier-Sauvagnac, président démissionnaire de l'UIMM (patronat de la métallurgie), a été placé en garde vue mardi à la brigade financière de Paris dans le cadre de l'enquête préliminaire sur des retraits en liquide suspects des caisses de cet organisme.

Arrivé en début d'après-midi à bord d'une voiture qui s'est engouffrée dans le parking de l'immeuble de la rue du Château des Rentiers (XIIIe), M. Gautier-Sauvagnac a rejoint l'étage de la brigade financière où Dominique Renaud, la chef-comptable de l'UIMM, qui a effectué les retraits en liquide suspects à sa demande, l'avait précédé et a également été placée en garde à vue.

En milieu d'après-midi, l'avocat de M. Gautier-Sauvagnac, Me Jean-Yves Le Borgne, a rendu visite à son client durant une demi-heure. A sa sortie il a souligné que "dans cette affaire, l'intérêt personnel de Denis Gautier-Sauvagnac n'est pas en cause".

Interrogé sur l'attitude qu'adoptera son client devant les enquêteurs, l'avocat a répondu: "je ne sais pas ce qu'il dira, ce qu'il ne dira pas". Le conseil voit dans cette affaire "la critique ou la contestation d'une pratique, mais pas une fraude".

Questionné sur un éventuel défèrement de M. Gautier-Sauvagnac devant la justice, il a conclu: "je ne sais quelle issue les autorités judiciaires vont donner". Il espère que rien ne soit "encore arrêté".

A l'issue de ces gardes à vue, qui peuvent durer jusqu'à 48 heures, le parquet pourrait en effet ouvrir une information judiciaire pour permettre la présentation de M. Gautier-Sauvagnac, et éventuellement de Mme Renaud, à un juge d'instruction en vue d'une possible mise en examen.

L'enquête du parquet a montré que des prélèvements d'espèces d'un montant de 26 millions d'euros avaient été opérés entre 2000 et 2007 sur les comptes de l'organisation patronale.

Deux des 26 millions retirés ont été saisis dans des coffres de l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) lors de perquisitions et trois millions ont été utilisés pour le paiement de primes et de prêts à des salariés de l'organisation patronale. Les bénéficiaires des 21 millions d'euros restants n'ont pas été identifiés.

Ces fonds provenaient d'une caisse de secours mutuel, l'Epim, créée en 1972 et destinée à soutenir les entreprises adhérentes ayant subi des préjudices lors de conflits sociaux. Les fonds non utilisés de cette caisse sont aujourd'hui valorisés à environ 600 millions d'euros, selon l'UIMM.

L'UIMM, comme les syndicats de salariés, relève de la loi Waldeck-Rousseau de 1884 qui dispense d'une publication des comptes. Mais si cette loi "confère une grande liberté aux organisations syndicales, cela n'exonère pas ses représentants de leur responsabilité pénale, notamment s'ils utilisent des fonds pour des actes non-conformes à l'intérêt social de leur organisation", a expliqué à l'AFP une source judiciaire.

A ce titre, l'utilisation de fonds de l'Epim pour des prêts ou des primes de cabinet versés à des salariés de l'UIMM relève de l'abus de confiance, a-t-on précisé de même source.

Depuis le début de l'enquête préliminaire, une vingtaine de personnes ont déjà été entendues, dont quatre à deux reprises, par les six fonctionnaires de la brigade financière mobilisés sur ce dossier.

Parmi eux figurent des salariés de l'UIMM, d'anciens responsables de l'organisation patronale, comme Daniel Dewavrin, François Ceyrac ou l'ex-président du CNPF (prédécesseur du Medef) Yvon Gattaz.

Les policiers ont également effectué une dizaine de perquisitions lors desquelles une centaine de scellés ont été saisis ainsi que 300 gigaoctets d'informations qui font toujours l'objet d'une expertise informatique.

Publié dans Actualité Judiciaire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article