Les syndicats européens sont désormais unis pour demander un salaire minimum légal

Publié le par titof

D'une même voix, les syndicalistes européens ont réclamé des "salaires décents", samedi 5 avril à Ljubljana. Venus de vingt-trois pays, environ 20 000 manifestants ont arpenté les rues de la capitale slovène à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES).

Depuis le podium où se sont succédé de nombreux leaders syndicaux, parmi lesquels les Français Bernard Thibault (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO), le secrétaire général de la CES, John Monks, a lancé la "bataille pour le salaire minimum" et dénoncé une Europe où "le pouvoir d'achat décline quand les profits augmentent". "Nous n'acceptons pas qu'il y ait 30 millions de travailleurs pauvres en Europe", a déclaré le Français Joël Decaillon, secrétaire confédéral de la CES.

Dans les rues de Ljubljana, Paola Guari, enseignante dans le Frioul italien, est venue pour dénoncer "le travail précaire et l'inégalité de salaire entre les hommes et les femmes". Zita Rist, syndicaliste roumaine, proteste contre des salaires trop faibles. Une petite centaine de militants de la CGT, une cinquantaine de la CFDT et quelques syndicalistes de FO et de l'UNSA conspuent la "baisse du pouvoir d'achat". "On ne veut pas d'une Europe à bas prix", explique Ouria Belaziz, syndicaliste CGT chez Calor-Seb, dans l'Isère.

SPIRALE PRIX-SALAIRES

Cette campagne pour un salaire minimum légal marque une évolution de la CES. Jusqu'à présent, le DGB allemand et les Scandinaves étaient réticents. Aujourd'hui, les syndicats allemands exigent la création d'un salaire minimum de 1 200 euros par mois. "Il n'est pas question de fixer un salaire minimum européen, mais de faire en sorte qu'il existe dans chaque pays", a expliqué M. Thibault (CGT).

Face à cette exigence, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, n'a eu de cesse d'appeler à la modération salariale, lors d'une réunion avec les ministres des finances européens. Tandis que l'inflation a atteint en mars le record de 3,5 % sur un an, les dirigeants européens craignent une spirale prix-salaires. M. Trichet a jugé que les gouvernements se "tromperaient lourdement" s'ils suivaient l'exemple de l'Allemagne, où les fonctionnaires ont obtenu 5,1 % d'augmentation. Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, a estimé que "les travailleurs doivent pouvoir tirer bénéfice du retour de la croissance".

Rémi Barroux et Philippe Ricard

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