22 avril, 19h59

Publié le par JACOBS Christophe


Simulation à 19h59

NB ce texte est un texte partisan, un texte militant, un texte résistant, résistant contre un certain esprit de défaite, une certaine envie molle inavouée de défaite qui ne doit pas avoir cours, qui ne peut pas avoir cours. Pardon à celles et à ceux qui ne sont pas concernés (qui ne se sentent pas concernés).

Il est 19h59. Vous ne le savez pas mais il est 19h59. Vous avez une minute pour lire ce texte. C’est déjà presque fini. Votre temps de lecture va se terminer et avec le temps de la lecture un autre temps qui n’est pas seulement le temps de la lecture. Le temps de l’espoir va se terminer et va commencer le temps de la réalité qui sera le temps de l’espoir ou le temps du désespoir, le temps de la satisfaction ou le temps de la déception, ou le temps de la peur, ou le temps de la colère, ou bien le temps de la joie, ou bien le temps de l’avenir. Il est 19h59.

Il est plus de 19h59. Vous ne le savez pas mais il est déjà plus de 19h59. Il n’y a plus que quelques poignées de secondes. Vous avez fermé la radio. Vous avez fermé la télévision et même vous n’avez pas la télévision. Il y a la ville tout autour de vous. La fenêtre est ouverte. La ville est silencieuse. Il est 19h59. Je vous dis qu’il est bien 19H59.

Il n’est plus 19h59.

Il y a du bruit dans la ville.

Il n’est pas encore 19H59. Encore quelques jours. Encore un peu de courage. Vous avez entendu. Vous avez lu. Vous avez entendu LEPEN et SARKOZY éructer des choses assez semblables, somme toute assez semblables, jeu à somme nulle, jeu à qui perd perd. Vous avez vu BAYROU drapé, emberlificoté dans sa posture, comme dans le sommeil on s’entrave soi-même dans les draps. Vous avez vu les candidats de l’extrême jouer les extrêmes avec cette envie d’exister qui ferait venir des larmes et parfois même des sourires et parfois même des rires, s’il n’était pas 19h59 et quelques poignées de secondes.

Il n’est pas encore 19h59. Vous avez encore le choix.

Après, un jour, bientôt, il sera 19h59 et vous devrez interpréter le bruit de la ville.

19h59… Vous avez peur. Vous avez raison.

Mais il vous reste encore des jours. Encore. Pour convaincre, pour espérer, pour gagner et faire gagner, pour la gauche, pour que la gauche gagne, pour que Ségolène ROYAL gagne, pour l’avenir, pour le désir d’avenir.

19h59… Dans un instant…

Pierre Bastogne

Publié dans Vu sur le Web

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