La hausse des prix des produits de première nécessité accroît les inégalités

Publié le par titof

Les Français ne sont pas égaux face au regain d'inflation qui sévit en Europe. La flambée des prix de l'énergie et la valse des étiquettes sur les produits alimentaires pénalisent d'abord les plus pauvres. Alors que le président de la République s'est posé en défenseur du pouvoir d'achat, cette réalité commence à poser un problème politique à l'exécutif. Selon le dernier sondage TNS Sofres, publié le 3 novembre dans le Figaro Magazine, la cote de confiance de Nicolas Sarkozy a baissé de quatre points en un mois, à 53 %, et 85 % des Français ne croient pas en l'efficacité de la politique du gouvernement contre la hausse des prix.

Est-ce une conséquence de ce scepticisme ? L'exécutif a multiplié les initiatives depuis 24 heures : convocation des compagnies pétrolières à Bercy "dans les tout prochains jours" pour examiner avec elles les répercussions de la hausse des prix de l'or noir pour les consommateurs ; annonce de l'instauration d'une prime à la casse des vieilles voitures dès cet hiver ; réunion de travail à l'Elysée, lundi 5 novembre, sous la houlette du chef de l'Etat, avec la grande distribution et les industriels pour obtenir un engagement de modération des prix ; déplacement en Bretagne de M. Sarkozy et du ministre de l'agriculture et de la pêche, Michel Barnier, pour essayer d'apaiser la colère de marins pêcheurs étranglés par l'augmentation sans précédent des prix du gazole.

Il est trop tôt pour dire si cet activisme portera ses fruits. Mais lundi soir, en sortant de l'Elysée, la ministre de l'économie, Christine Lagarde, a fait preuve d'une certaine prudence. En annonçant la prochaine création d'un "Observatoire des prix et des coûts", elle a dit espérer "une diminution des prix" dans la grande distribution au début de 2008 sans la chiffrer.

En l'espace de quelques semaines, le climat social s'est tendu. Le durcissement du mouvement des marins pêcheurs, l'éclosion de plusieurs conflits salariaux à Air France, chez Total, au Crédit Lyonnais, mais aussi chez Conforama, montrent que la question des salaires reste des plus sensibles. Or, là aussi, les plus pauvres sont les plus mal lotis. Ils font les frais, comme la majorité de la population, de plus de vingt ans de modération salariale.

Mais ils ont de plus été les premiers touchés, en juillet, par l'absence de coup de pouce au Smic et par l'alignement des minima et des prestations sociales sur la seule hausse des prix, décidé par le gouvernement de François Fillon. Ces deux mesures ont été adoptées quelques semaines avant le vote, au mois d'août, d'une baisse historique de la fiscalité (bouclier fiscal à 50 % ; allégement massif des droits de succession etc.) au profit des plus aisés des contribuables. Reste la détaxation des heures supplémentaires, entrée en vigueur le 1er octobre. Par construction, elle ne bénéficiera qu'aux salariés qui se verront proposer des heures supplémentaires par leur employeur.

Les ménages les plus modestes se trouvent, du fait de la structure de leur consommation, plus exposés que la moyenne aux hausses des prix.

La flambée des prix de l'énergie alourdit les factures de chauffage et renchérit le coût des déplacements domicile-travail ; l'augmentation des prix agricoles a fait grimper les prix du pain en septembre et devrait tirer à la hausse les prix des produits laitiers et de certaines viandes. "Les dépenses contraintes ont explosé depuis trois ou quatre ans, qu'il s'agisse du fioul domestique, du logement, des produits alimentaires ou encore des frais de santé non remboursés. Notre principal problème de pouvoir d'achat est là, analyse Thierry Saniez de l'association de consommateurs CLCV. Le super sans plomb a augmenté de 15 % depuis un an. Dans le monde rural, il est fréquent de devoir faire 30 à 40 kilomètres en voiture pour se rendre à son travail. Le budget transport des familles s'envole. Et trois pleins, c'est presque 200 euros".

Selon Familles rurales, la consommation d'environ 400 grammes de fruits et de légumes par personne et par jour - soit le niveau recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) - représente un budget mensuel de 57 euros pour un couple et de 115 euros pour une famille avec deux enfants de plus de 10 ans. Soit entre 5 % et 12 % du Smic.

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